Ses pas tranquilles descendent les escaliers de la grande maison familiale pour l’emmener jusqu’à la cuisine. Là, doucement, sa main attrape une théière et avec aisance, automatisme, il entame alors une série de gestes pour se faire une tisane, une chanson vague en tête dont il n’arrive plus à retrouver le titre ou les paroles exactes. Ses pensées partent vers New York ou Paris, parfois Edimbourg et il soupire un peu, bien que la vue de la maison sur la ville qui s’illumine devant lui n’est pas si mauvaise. La gouvernante vient le rejoindre, le grondant comme à chaque fois en lui disant qu’elle pouvait bien se charger de lui faire sa boisson s’il lui avait demandé. « Non Nana, c’est moi qui vais m’en charger et te donner une tasse, tu l’as bien mérité. » Il lui embrasse la joue, petit geste tendre qu’ils s’autorisent lorsqu’ils sont seuls. Il lui tire une chaise et la fait s’asseoir avant de venir avec elle en portant un plateau remplit de la théière et de deux tasses de porcelaine finement travaillées.

« Comme tu as grandi… Je me rappelle encore quand je t’apprenais à marcher. » Il sourit un peu. C’est vrai que ses parents n’ont jamais été très présents. Même si d’ordinaire, la femme doit prendre son rôle de mère au premier sens, la sienne a eu la chance de pouvoir continuer à travailler à ne jamais devoir abandonner la scène. Son père a toujours été compréhensif pour ça. Pour lui, travailler est sain pour la santé. « J’ai un cadeau pour toi Nana ! Attends-moi ! » Il grimpe les marches quatre par quatre et revient vers elle en tenant un paquet dans ses mains. « Tu m’as demandé une photo de Notre Dame de Paris, mais j’ai fait mieux je crois... » dit-il alors en lui tendant le cadeau dans un beau sourire. Elle s’empresse de l’ouvrir et pose une main devant sa bouche pour cacher sa surprise et sa joie en voyant le dessin qu’elle tient dans les mains. « Oh c’est si parfait. Merci mon grand... » Elle tend les bras, il l’enlace dans un petit rire. « J’ai eu de la chance, j’ai pu la voir avant qu’elle ne brûle… C’était magnifique. Tu aurais adoré, » avoue-t-il en lui prenant la main et en se posant à ses côtés.

Son téléphone sonne et le ramène à la réalité. Il décroche rapidement en voyant que c’est son frère. « Ne Hyung ? Hn… Hn…. EEEEH ? YAH HYUNG !!! » Roulant des yeux, il pose une main sur sa hanche avant de se masser doucement le front. « Tu veux dire que j’ai une heure pour me préparer, aller la chercher chez vous et partir avec elle à la soirée ? Elle est au courant au moins ? COMMENT CA TU N’AS PAS LE TEMPS DE L’APPELER ? YAH !!! EH !! » Il regarde son téléphone en voyant qu’il lui a raccroché au nez, puis, il reçoit le sms avec les invitations et le lieu de la soirée en soupirant lourdement. Il se tourne alors vers la vieille gouvernante. « Dis-moi que tu as un costume pour moi… » gronde-t-il en serrant les deux. « Moon Bin devait aller à un gala de charité avec sa femme mais il est coincé dans une réunion. Il veut que j’y aille à sa place. » Elle hoche la tête doucement. « Il y en a un que j’ai brodé pour toi... » dit-elle en lui souriant avant de partir chercher le costume en question.

Lorsqu’il le voit un sourire se dessine sur son visage. « Il est magnifique ! » Vraiment. Un autre baiser sur la joue de la femme et il prend l’ensemble pour partir à l’étage afin de se doucher et se changer. Lorsqu’il la rejoint, un peu nerveux, il la regarde. « Alors ? » « Un vrai prince... » fait-elle en venant lui tenir les joues. « Tu vas être en retard ! » Il hoche la tête et attrape les clés de sa voiture pour rejoindre la maison de son frère avant de venir sonner à la porte. Lorsqu’elle ouvre, il se perd alors dans sa contemplation. Depuis deux ans, il ne l’avait pas revu et c’était le mariage de son frère. On ne regarde pas la femme de son frère… Il n’avait jamais vraiment fait attention à elle jusque là, même si son sourire l’avait marqué, ses tâches de rousseur aussi. Là, en se trouvant réellement face à elle pour la première fois, il se sent rougir. « Bonsoir… Je ne sais pas si vous vous souvenez de moi, mais… Je suis Han Bin. » Il gravit la dernière marche qui les sépare. « Moon Bin est coincé au travail, il m’a demandé de venir vous chercher et d’aller avec vous au gala en son nom... » Il la regarde et s’incline poliment en retrouvant un peu ses esprits avant de montrer la voiture. « Peut-on y aller ? » demande-t-il alors doucement tout en lui tendant sa main pour qu’elle puisse s’y tenir en descendant les escaliers.

Les évènements caritatifs font partie de ces moments que Lou adorait du temps où elle y  participait pour Agatha, mais en Corée, les choses sont différentes. Elle évolue bien moins aisément parmi les riches coréens, pire encore, parmi les riches coréennes. Mais elle prend sur elle, pour lui. Moon Bin. Celui qu’elle aime de tout son cœur malgré les différences culturelles.

Ce soir, elle a revêtu une de ses magnifiques robes de gala. Noire et brillante, elle la met en valeur sans pour autant paraître obscène. Lou sourit à son reflet. Moon Bin va la trouver magnifique ! Peut-être même qu’il proposera de rester à la maison et vaquer à d’autres occupations ! Elle l’a si peut vu ces derniers temps. Il lui manque. Elle saisit son portable et regarde une énième fois sa boite de messagerie vide. Elle soupire. Dans cinq minutes, ils devront partir. Elle fait la moue. Elle au moins sera prête.

Ses escarpins à peine enfilés elle entends la sonnerie de la porte d’entrée. Pourquoi Moon Bin prendrait-il la peine de sonner chez lui ? Elle sourit. Il s’agit peut-être de la surprendre avec un bouquet de fleurs ? Ravie, la jeune femme se précipite sur la porte qu’elle ouvre sans attendre. La bouche ouverte, prête à parler, elle se fige. Il y a bien un Kang à sa porte, mais ce n’est pas celui qu’elle attendait. Malgré la déception, elle sourit de nouveau, pour son beau-frère qui semble empêtré dans des convenances. Elle se retient de grimacer aux vouvoiements. Evidemment, il ne peut en être autrement… Ses lèvres s’étirent une nouvelles fois en un sourire à le voir ainsi rougir. D’une voix douce, elle répond. « Bien sûr que je me souviens de toi, Han Bin.» Comment oublier le petit frère de son mari ? Lou avait pris grand soin de connaître chaque membre de sa famille, par respect, et parce qu’il était ainsi plus facile de se faire accepter.

Il lui explique les raisons de sa présence. Malgré toute sa bonne volonté, le visage de Lou laisse transparaître sa déception. Une fois de plus, le travail le retient. Pire encore, il envoyait son frère sans même prendre la peine de la prévenir. L’air un peu gênée, elle essaie de retrouver le contrôle d’elle-même. « Ah d’accord… » Il poursuit. « Oui oui, bien sûr, allons-y ! » S’assurant qu’elle a son sac à main et son châle, elle laisse la porte se refermer pour suivre son cavalier de la soirée. Sa main se glisse dans celle du jeune homme sans hésitation, trouvant l’attention tout à fait charmante.

Tandis qu’ils se dirigent vers la voiture de Han Bin, Lou dont le regard observateur a repéré les savantes broderies sur la veste de son beau-frère, brise le court silence installé :  « Ce costume te va à ravir ! Il est magnifique. » Cette fois son sourire est parfaitement naturel. Il est grand Han Bin. Même si pas autant que son frère. Ses traits expriment une innocence que son grand-frère a depuis longtemps mis de côté. La moue de Louise devient attendrie. La soirée sera l’occasion de connaître un peu bien un membre de sa nouvelle famille.

Elle le laisse ouvrir la portière et prend garde à ce que sa longue robe n’y reste pas coincée lorsqu’il la fermera. Lorsqu’il a enfin pris place à ses côtés, elle lance : « Est-ce que tu veux bien m’appeler Lou ? Et me tutoyer ? Je me sens comme une vieille dame avec tout ce protocole… » Elle laisse échapper un petit rire, ses prunelles noisettes se plongeant dans celles de Han Bin. Elle ne doute pas qu’il en est capable. N’a-t-il pas vécu à l’étranger ?

Lorsqu’elle ouvre la porte, bien entendu, il est subjugué par sa beauté, mais il remarque surtout sa déception à vrai dire. Il en veut aussi à son frère d’avoir décidé de juste le prévenir lui comme s’il ne se souciait pas de ses sentiments à elle. C’est assez injuste mais en y pensant, il agit comme presque tout bon coréen qui se respecte en réalité… Au bout d’un moment, le prince charmant des dramas s’envole et la réalité fait surface. Moon Bin a toujours été un ambitieux qui préférait son travail à tout autre chose. Les femmes, il s’amusait avec rien de plus, mais le statut imposé par la société l’a bien rattrapé. Han Bin n’a jamais vu ce mariage comme une union d’amour pour son frère. Il en voulait presque à Louise de se faire avoir, mais, est-ce qu’elle y peut réellement quelque chose ? Il ne sait pas. Il ne sait plus. « Bien sûr que je me souviens de toi, Han Bin.» Un bref sourire se pose alors sur ses lèvres. « Nous nous sommes si peu vus... »

« Ah d’accord… » Il sait et elle a toutes les raisons du monde d’être déçue. Il espère bien qu’elle fera une scène à son Hyung lorsqu’il reviendra à la maison plus tard. Il le mérite. Il lui en a fait une au téléphone lui, au moins. C’était déjà ça. « Oui oui, bien sûr, allons-y ! » Il tient sa main et la conduit jusqu’à la voiture en faisant attention à sa robe et à tout les détails possibles.

« Ce costume te va à ravir ! Il est magnifique. » Oh, merci. » Fait-il en la regardant un petit temps. « Je ne l’avais jamais encore porté. Je crois qu’il est devenu mon costume préféré. » Son sourire rieur s’installe sur sa face et il la regarde brièvement encore brièvement jusqu’à la fin des marches. « Mais votre robe surpasse tout je pense. Hyung sera déçu de ne pas avoir pu être à vos côtés lorsqu’il verra les photos... »

Il lui ouvre la portière, l’aide avec sa robe, la ceinture et referme en faisant attention au tout, stressé malgré tout. C’est qu’il n’aime pas les soirées mondaines, encore plus lorsqu’il a une sorte de date improvisé. D’accord, elle est sa belle-sœur, mais il va devoir lui faire passer un moment agréable. Et en plus, qui dit gala de charité dit vente aux enchères au profit d’une association et il n’était définitivement pas doué pour ça. Sauf que s’il n’achète rien, la famille aura une mauvaise réputation... « Est-ce que tu veux bien m’appeler Lou ? Et me tutoyer ? Je me sens comme une vieille dame avec tout ce protocole… » Il sourit un peu mais se contente de regarder la route pour rester prudent. Il fait déjà noir après tout. Sa requête ne le surprend pas plus que ça, mais en même temps… « Entre nous, je préférerai... » Il l’observe encore, rapidement, puis fixe la route, les mains bien accrochées sur son volant. « Mais on risque de se faire mal voir en société ou dans ma famille. » Il essaie de réfléchir pour allier les deux. « Hm… Et si… je t’appelle Lou, juste entre nous, Louise devant les autres, ou Noona dans ma famille, parce que c’est ce qu’ils veulent entendre même si ça me dépasse et que je parle de façon polie, sans forcément te vouvoyer ? Juste… soutenue ? » Il la regarde encore, puis soupire un peu en fixant à nouveau sa route. La tour se dessine déjà devant eux. « Pardon, la société coréenne est stricte et encore arriérée, j’essaie de nous éviter des soucis inutiles. » Il lui offre un sourire sincère, cela dit. « Mais comme ça, ça marchera sans doute. »

La réaction surprise de Han Bin lorsqu'elle lui affirme qu'elle se souvient de lui la fait simplement sourire. Il est la première personne que son frère a évoqué à leur rencontre. Elle n'a pas non plus oublié sa passion pour l'architecture, qui explique pourquoi elle l'a si peu vu en quatre ans. Lou se promet de lui demander comment ses études avancent. Le monde étudiant lui paraît à des années lumière. Quand elle y repense, elle a terminé les siennes en parallèle de son travail de scénariste avant de se consacrer pleinement à son métier.

Son compliment à propos du costume fait mouche. La jeune femme est absolument ravie, puis c'est à elle de rougir un peu. Elle glousse pour masquer la tristesse. Même si la remarque se veut positive, elle y décèle un reproche envers son mari. Et bien qu'il soit déçu, c'est tout ce qu'il mérite. Songe-t-elle avec une pointe de rancœur dont elle se culpabilise aussitôt. Il n'y coupera pas. Lorsqu'ils se verront. Une petite voix glisse régulièrement à Louise qu'elle n'est plus que la vitrine de son mari dans les soirées mondaines. Elle sait bien quelle serait la réaction de ce dernier si un jour elle refuse d'y aller. Elle secoue la tête, chasse ces pensées. Han Bin vient de rentrer dans la voiture à son tour, alors, elle veut détendre l'atmosphère.

Sa requête passe à demi. Elle l'écoute sagement, observant tour à tour son profil délicat, puis la route en ligne droite s'ouvrant devant eux. Il explique que ça serait mal vu. « Oui c'est vrai.... » elle soupire vaincue. Pourtant, le jeune homme ne semble pas vouloir s'arrêter là. Louise retrouve le sourire lorsqu'il propose une alternative. « Si ce n'est pas trop compliqué à gérer pour toi, alors je veux bien ! » Il tourne brièvement la tête dans sa direction, elle sent un furtif trouble, balayé par les excuses de son chauffeur. « Oh non ne t'excuse pas, c'est...c'est à moi de m'adapter. Après tout, j'ai choisi d'épouser Moon Bin et de vivre ici. » Elle pince ses lèvres. Une pointe de regret est venue s'installer dans son ton. Ce n'est ni le moment, ni la personne devant laquelle se plaindre d'une vie qui ne la satisfait qu'à moitié. Depuis quelques temps.

Lou s'empresse de changer de sujet alors qu'ils s'engagent sur les derniers kilomètres avant leur destination. « Et tes études alors ? Tout va comme tu veux ? » Elle pose son regard sur l'espace en face d'elle, la silhouette de la tour Lim se découpe parmi les autres building éclairés. Imposante, elle est le lieu de nombreux évènements. Ce soir, une des plus grosses œuvres de charité de l'année. D'importantes œuvres d'art seront à acheter, toutes plus chères les unes que les autres. Louise pousse un autre petit soupir, plus discret. Elle a envie de demander à Han Bin de faire demi-tour et d'aller dans n'importe quel Coffee Shop pour discuter de tout et de rien. Mais elle ne veut pas le mettre dans l'embarras.

Les regards se tournent vers eux alors qu'ils font leur entrée dans la salle aux enchères. Lou cherche le regard de Han Bin pour lui offrir un sourire qui se veut confiant, avant de lui glisser discrètement. « On en jette hein ? » Puis plus sérieusement, elle lui demande. « Tu vois l'homme dans le costume bleu ? Je sais qu'il est très important, mais je ne sais plus son nom. » Voilà qu'elle risque d'angoisser par peur de passer pour une malpolie irrespectueuse. Et là, ils vont avoir de nombreux saluts respectueux à faire....

« Oui c'est vrai.... » Son soupire et sa voix qui semble triste le pousse à chercher une solution. Il réfléchit vite et efficacement. « Si ce n'est pas trop compliqué à gérer pour toi, alors je veux bien ! » La regardant furtivement, il esquisse un sourire. « Ani, ça ira, ne t’en fais pas. » Même s’il va devoir sans doute pas mal réfléchir avant de parler et faire quelques erreurs. « Oh non ne t'excuse pas, c'est...c'est à moi de m'adapter. Après tout, j'ai choisi d'épouser Moon Bin et de vivre ici. » « Pour avoir vécu ailleurs durant deux ans… Je te comprends à vrai dire. » Il soupire un peu, ne tient plus qu’à une main son volant. « La hiérarchie ultra-poussée coréenne commence à me sortir par les trous de nez à vrai dire. L’anglais est tellement plus simple. » Plus humain aussi.

« Et tes études alors ? Tout va comme tu veux ? » « Hn, je termine mon M1 en décembre et j’enchaîne ensuite sur le M2. Je pourrai enfin travailler. J’ai hâte. J’ai fait un stage dans une entreprise new-yorkaise, ils m’ont fait une promesse d’embauche à la fin de mes études. Je n’ai pas encore parlé de ça à ma famille, ça peut rester entre nous ? » Il la regarde un peu et sourit, le temps d’un feu rouge, avant de se remettre en route pour arriver devant l’immense N Tower. Il a hâte de voir quelles œuvres seront présentées cela dit, lui qui aime tant l’art en général. Penchant un peu sa tête sur le côté lorsqu’il se gare devant, il vient lui ouvrir, prend sa main et donne ses clés à un chauffeur pour qu’il aille la garer ailleurs et attrape le billet qu’il lui tend avant d’entrer avec elle dans l’ascenseur de la tour et de grimper tout en haut.

Les regards se tournent rapidement vers eux, le mettant mal à l’aise. C’est qu’avec ses études, il a globalement pu être épargné de ce genre de mondanités jusque là... « On en jette hein ? » « On gagnerait sans doute un prix de l’élégance, » avoue-t-il doucement en la regardant avant de suivre l’indication de Lou. « Tu vois l'homme dans le costume bleu ? Je sais qu'il est très important, mais je ne sais plus son nom. » « Moi non plus. » Oui, deux boulets ensemble. « Mais ce n’est pas grave, il y a une parade en coréen ! » Il lui tend son bras pour qu’elle s’y accroche et l’entraîne avec lui. « Hyung-nim ! » ça marche toujours. « Oh, le fils Kang ! » Il se fait dévisager, mais surtout parce qu’il est au bras de sa belle-sœur. « Je viens vous présenter mes respects aux noms de mon père et de mon frère. Ils ne pouvaient pas être présents ce soir. Je suis venu avec ma belle-sœur, Hamilton Louise, la femme de Moon Bin. Vous avez déjà dû vous rencontrer, j’en suis certain. » L’homme les dévisage un peu en essayant de se souvenir. « Allons Hwang-ssi. Nous les avons vu au gala de juin ! » « Oh oui ! Vrai ! » Han Bin se sent soulagé de son coup de poker. Hwang… Hwang ! OH ! « Je sais... » dit-il alors à Lou en anglais dans un souffle discret. « Comment se porte l’industrie pharmaceutique ? » L’homme rit et lui tape le bras doucement. « Un jeune architecte n’est pas intéressé par cela ! Voyons, tu ne comprendrais sans doute pas grand-chose à ça, pas comme ton frère. » Et voilà, on arrive à la même rengaine qu’il entend constamment. « Vous avez raison, j’espère juste que tout va bien pour vous. Excusez-nous, nous avons encore beaucoup de monde à saluer... » Il s’incline poliment et entraîne à nouveau Lou avec lui en restant droit malgré son regard qui s’est légèrement assombri. « Veux-tu boire quelque chose ? »

Il la rassure. Cela fait sourire Louise un peu plus. Il est vraiment attentionné. C'est agréable d'avoir quelqu'un de plus détendu à ses côtés. L'intérêt pour son beau-frère ne fait que croître lorsqu'il explique avoir certains aspects de la société coréenne en travers de la gorge. « Au moins ça a l'air d'évoluer dans le bon sens. » affirme-t-elle, voulant se convaincre. Moon Bin a-t-il conscience des sacrifices de sa femme ? Elle qui a renoncé à beaucoup de libertés, à ses repères pour pouvoir être avec lui. Plus le temps passe, et plus elle se pose la question. Heureusement, le sujet des études de Han Bin est une excellente échappatoire. Il répond sans attendre sous le sourire encourageant de Lou.

Cette dernière s'extasie sur la promesse d'emploi qu'il a reçue. « C'est absolument génial ! Bravo ! » Elle éprouve aussi un étrange pincement au cœur. Est-elle vraiment jalouse de cette opportunité qui lui rappelle qu'elle a fait un choix qui ne lui convient plus vraiment ? Il lui fait promettre de ne rien dire à qui que ce soit. « Bien sûr ! Ton diplôme d'abord. » Et puis ce n'est pas comme si elle avait réellement à qui en parler. Lou a peu d'amies en Corée. Elle se félicite d'avoir continué à écrire des scénarios, mais plus encore d'avoir poussé pour avoir le poste d'enseignante. Si certaines relations restent superficielles, elles ont le mérite de la sortir de sa solitude.

La jeune femme affronte l'ensemble des regards de la foule avec comme bouclier l'humour qu'elle partage à son cavalier de la soirée. Lui non plus ne semble pas à l'aise. Elle laisse échapper un rire lorsqu'il rebondit sur l'occasion pour affirmer qu'ils seraient gagnants du prix de l'élégance. Elle hoche la tête, déterminée. « Évidemment ! » Elle se sent plus légère. La complicité qui s'installe entre eux lui permet de se sentir plus forte face à tous ces gens guindés. Elle a l'intime conviction qu'il ne l'abandonnera pas à son sort pour aller discuter affaires. Et puis rien ne les oblige à rester toute la soirée. Il suffit d'une heure ou deux de présence, d'un gros achat, et l'affaire est dans le sac.

Voilà qu'elle croise malgré elle le regard d'un homme important. Impossible de se souvenir de son nom. Malheureusement pour elle Han Bin n'est pas plus au courant. Elle se mord la lèvre légèrement embêtée avant de sourire à nouveau. Il a une solution. Une parade passe-partout. « Ouuh, je vais prendre exemple alors ! » Elle accepte son bras avec plaisir avant de se laisser entraîner en direction de l'homme qui à présent attend qu'on lui présente ses respects. Laissant Han Bin faire toute la discussion, elle s'incline avec autant de grâce et de respect possible. Elle capte le message discret de Han Bin et tourne la tête vers lui avec intérêt. Que sait-il ? La magie opère directement lorsqu'il se met à parler.

Impressionnée, elle sourit en coin. Voilà ce qu'elle aurait pu faire pour se préparer à la soirée. Mais elle ne l'a pas fait, car Moon Bin est toujours celui qui parle, elle se contente de distraire les femmes de ces riches messieurs en expliquant son métier. Bien que parfois, ils ont affaires à des femmes tenant les rennes d'entreprises, son mari a tendance à les éviter. Elle se dit à elle-même qu'elle ne changera rien à la situation. Elle n'est pas sans ressources mondaines pour autant. Fascinée par l'échange court et efficace, elle se laisse de nouveau entraîner par Han Bin, saluant d'abord Hwang. « Passez une excellente soirée Hwang-nim. » Elle adresse également un signe de tête et un sourire chaleureux à sa femme avant de reporter son attention sur son cavalier.

Son regard est fixé droit devant lui, comme s'il était vexé. Lou comprend directement de quoi il s'agit. Elle en a l'habitude, de ce genre de remarques infantilisantes. Elle tapote le bras du jeune homme. « Dis-toi que tu t'évites probablement une discussion barbante. S'il n'est pas capable de se rendre compte qu'un futur architecte peut s'intéresser à autre chose que son sujet alors il n'en vaut pas la peine. Et oui....je veux bien boire quelque chose. » Leurs pas se dirigent vers un serveur qui les repèrent directement, proposant des coupes d'un alcool inconnu de Louise. « Bonsoir » fait-elle à l'homme qui se tient droit comme un i. Le regard de Lou glisse sur les petits fours proposés avec. « Ajhussi...est-ce de la viande ou du tofu ? »

Il devrait être habitué de n’être que le petite dernier. On ne compte pas sur lui pour reprendre le flambeau. On ne compte pas sur lui pour devenir l’héritier de l’entreprise familiale. On ne compte même pas sur lui pour être classé et médaillé lorsqu’il devra faire son service militaire. Il n’est pas comme Moon Bin. Il n’est pas l’élite. Il ne l’a jamais été. Il est bien trop rêveur, bien trop hors de tout ça pour l’être. Il le sait bien. Mais malgré tout, chaque pointe piquante qu’on lui lance l’enrage un peu plus. Les gens ne prennent plus le temps de s’intéresser à lui lorsqu’il s’agit de représenter la société de son père. Soit beau, parle bien mais pas trop. C’est tout. Et Lou, elle ressent la même chose que lui dans les moments-là ? Il n’espère pas à vrai dire. C’est triste et rageant comme situation.  « Passez une excellente soirée Hwang-nim. » Il sourit faiblement lorsqu’elle termine les politesse dans un coréen de rêve avant d’aller avec elle ailleurs.

Lorsqu’il la sent tapoter son bras, il tourne alors son regard vers elle et l’observe de ses grands yeux chocolats.  « Dis-toi que tu t'évites probablement une discussion barbante. S'il n'est pas capable de se rendre compte qu'un futur architecte peut s'intéresser à autre chose que son sujet alors il n'en vaut pas la peine. Et oui....je veux bien boire quelque chose. » « C’est sûr que ça aurait été barbant, pour toi, pour moi… Juste, je me passerai bien de ce genre de phrases, j’en entends depuis mes 16 ans. » Il soupire un peu mais la bonne humeur et le sourire de Lou remontent son moral quoi qu’il en dise. Oh, il rêve de partir d’ici avec elle et de se poser dans un café à chats pour manger des gâteaux dans leurs habits de luxe. « Bonsoir, Ajhussi...est-ce de la viande ou du tofu ? »

Et là, il n’arrive pas réprimer le rire qui lui échappe et se retient comme il peut en pinçant fortement ses lèvres. Il faut dire que l’air choqué du serveur n’aide pas du tout à ce qu’il garde son sérieux. « Des crevettes, Madame. » Le ton est un peu froid… Il sourit à n’en plus finir en continuant de se pincer les lèvres avant d’essayer de reprendre son sérieux. « Excusez-moi, est-ce qu’il y aurait des plats végétariens ? Même pour le dîner ? » Sinon, ils ne vont rien manger… « Je vais me renseigner, Monsieur. » « Merci... » Il incline un peu sa tête et laisse Lou prendre à boire, il va éviter l’alcool pour la route ensuite.

Hésitant un peu, il la regarde. « Hm… Evite de dire Ajhussi quand tu n’es pas sûr que la personne a au moins 60 ans, et encore, ils préfèrent se faire appeler grand-père que Ajhussi dans les cas-là... » Il sourit encore un peu. « C’était vraiment mignon à vrai dire, j’ai adoré sa tête... » Il en rit encore un peu et regarde autour d’eux. « J’espère qu’on arrivera manger quelque chose, sinon, je t’invite. Conseil, évite le kimchi aussi, ou tout ce qui est fermenté. Dans 90 % du temps, il y a de la sauce poisson dedans. Je t’en apporterai du végétarien si tu veux. »  

La remarque de Louise semble ne faire qu'à moitié son effet sur le charmant jeune homme. C'est le temps qu'il pense à autre chose. « Je comprends, tu imagines qu'en tant que femme, j'y ai régulièrement le droit. Bien plus ici qu'en Angleterre. »  Elle hausse les épaules. « J'ai appris à passer outre, je sais ce que je vaux, je n'ai pas besoin de leur approbation pour ça. »  D'un sourire qu'elle veut motivant, elle interpelle ensuite le serveur qui passe non loin d'eux pour réclamer de quoi boire. C'est le moment de faire une gaffe. Elle a innocemment utilisé le mauvais mot pour s'adresser  à l'homme en face d'eux.

Lou la sait, à l'expression outrée de leur interlocuteur, mais surtout au rire de Han Bin. Son regard va de l'un à l'autre. Rouge et confuse, elle s'excuse platement auprès du serveur. « Oh mon dieu....désolée, vraiment... »  Elle ne vient évidemment pas de de se faire un ami. Gênée au possible, elle hoche la tête à la réponse sur le contenu des petits fours. « Merci. »  Elle est soulagée que Han Bin reprenne les choses en main. Elle se tape le front du plat de la main. Elle aurait dû commencer par là. Elle se redresse brusquement alors que le serveur lui adresse de nouveau un drôle de regard. Décidément, elle détonne dans cet univers.

Après un énième sourire gêné, elle s'empare d'une coupe et remercie encore le serveur qui promet de revenir avec des informations sur les plats végétariens. L'homme disparu, Louise regarde Han Bin. Le silence ne dure pas, il lui explique gentiment les eus et coutumes. Lou baisse la tête coupable avant de relever la tête, les joues rosissantes. Est-ce qu'il vient vraiment de dire que c'était mignon ? Le temps semble s'écouler différemment lorsque Lou pose son regard sur Han Bin en train de rire. Quand avait-elle trouvé un homme aussi beau pour la dernière fois  ? Une petite voix lui rappelle son mari. Mais Moon Bin n'a jamais eu cette pureté. L'a-t-elle déjà vu rire ainsi ? Non. Moon Bin est toujours dans la retenue. Son frère est spontané. Une spontanéité agréablement rafraîchissante. C'est certainement pour cela que cela la trouble à ce point.

Rassurée sur ce point, elle se détend lorsqu'il lui explique un peut à quoi s'attendre. Elle souhaite presque qu'il n'y ai rien de comestible pour pouvoir partir plus tôt. Elle agrandit les yeux de surprise. Le kimchi, fermenté dans de la sauce de poisson ? Elle n'aurait pas cru.... « Oh je veux bien, parce que j'adore le kimchi. Mon monde s'effondre ! »  Elle prend un air dramatique avant de sourire à nouveau. « Merci pour tous ces bons conseils. Je ne savais pas que tu étais végétarien toi aussi ! Ça n'a pas été trop dur de le faire accepter à ta famille ? »  Lou connaît la rigidité de la famille Kang, très attachée aux traditions malgré l'image ouverte qu'elle souhaite montrer au monde. Les repas en famille sont probablement les plus difficiles à supporter. Tellement codifié que Louise se sent en perpétuelle tension.

La scénariste tient sa coupe alcoolisée en main sans y toucher. Finalement, ce n'est peut-être pas une bonne idée de s’enivrer ce soir. Elle risque de faire d'autres bourdes. Et puis Han Bin n'a pas de verre. Elle ne va pas boire toute seule tout de même. « Tu ne bois rien ? »  Sa voix se fait douce. Elle se prépare à reposer son verre, lorsque le serveur revient. Il jette un regard acerbe à son verre encore plein et s'adresse directement à Han Bin pour l'informer des potentiels plats végétariens. Lou se surprend à espérer qu'il n'y en ait pas.

 « Je comprends, tu imagines qu'en tant que femme, j'y ai régulièrement le droit. Bien plus ici qu'en Angleterre. J'ai appris à passer outre, je sais ce que je vaux, je n'ai pas besoin de leur approbation pour ça. » « Les hommes iraient mieux en devenant féministes. On ne serait rien sans vous. Il faut se l’avouer au bout d’un moment. » Son sourire est tendre, sincère lorsqu’il le dit. Et il sait que sa pensée dérange globalement. Il a toujours été un peu à part, déjà rien qu’en traitant leur gouvernante comme une membre entière de la famille et non comme une employée. Elle lui avait tellement manqué lorsqu’elle a pris un an pour s’occuper de ses parents malades…

La scène avec le serveur le ramène cependant dans la réalité, réalité qui manque de le faire mourir de rire. Il est vraiment mauvais acteur. Tout se lit sur son visage quand on y pense. Le pauvre… Il n’a pas la prestance de son frère, il ne va pas le nier hé ! « Oh mon dieu....désolée, vraiment... » Han Bin lui caresse furtivement le bras pour la rassurer un peu. « Merci. » Et il reprend la conversation pour apaiser un peu les tensions, et surtout diriger l’attention du serveur sur lui. Il doit leur lancer de nombreuses insultes mentalement à l’instant-là… Ahem, tant pis.

Il s’empresse alors de lui expliquer des choses, pas forcément pour lui faire du mansplanning mais parce qu’il peut comprendre à quel point le coréen peut porter à confusion. Il l’a enseigné dans chaque ville où il est passé et il s’en ait bien rendu compte. Et il a compris aussi à quel point certains points clés peuvent échapper aux coréens. C’est trop ancré entre eux. Il a fait l’erreur plusieurs fois. « Oh je veux bien, parce que j'adore le kimchi. Mon monde s'effondre ! » Il sourit devant son air si dramatique. « Tu aurais fait une bonne actrice de soap opéra. » Oh l’insulte ! Mais ça le fait rire doucement. « Merci pour tous ces bons conseils. Je ne savais pas que tu étais végétarien toi aussi ! Ça n'a pas été trop dur de le faire accepter à ta famille ? » « Well... » Il la regarde comme un enfant un peu coupable. « Nana gruge mes assiettes depuis que je suis rentré, ils n’ont pas vraiment fait attention, ni au fait qu’elle ne met plus de sauce poisson dans le kimchi... » Il lui offre un clin d’oeil en souriant. « C’est compliqué de leurs parler de ce genre de choses. Ils vont me dire que c’est une lubie. Moon Bin sait, parce qu’on va déjeuner souvent le midi quand il a un peu de temps… Mais les parents... » Ses yeux s’agrandissent en mode : nop, c’pas pour demain.

« Tu ne bois rien ? » « Si, je vais prendre un jus. » Il allait avancer avec elle vers un autre serveur quand le premier revient vers eux. « Le Chef se voit contraint de vous apprendre qu’aucun repas végétarien n’a été prévu. Il demande si Monsieur en avait fait la demande spécifiquement et si cela est un oubli de notre part, alors il s’empressera de trouver une solution, autrement, il vous demande d’être indulgent. Cent soixante-dix personnes sont invitées ce soir, c’est le rush en cuisine afin que toutes les assiettes soient prêtes... » Han Bin le regarde, comprenant bien la situation. Il pensait qu’au moins un repas attendrait pour Louise. Sauf si son frère n’a pas eu le temps de prévenir, encore. « Non, ça ira. Remerciez-le, nous irons dîner dehors. » Il le libère et la regarde en grimaçant un peu. « Je t’invite, c’est la moindre des choses. » Pourquoi est-ce qu’il s’en veut à la place de son crétin d’aîné hn ? Il sait qu’en ce moment, il est sur une fusion importante, mais quand même. « Tu veux allée voir le catalogue des œuvres mises en vente ? On pourra faire notre choix comme ça ! » Rattrapons la soirée comme on peut hein.  

Un sourire surpris et appréciatif étire la moue lasse de Louise lorsqu'elle entend Han Bin clamer que les hommes devraient être féministes. Un petit rire la secoue sous la boutade pourtant pleine de vérité. Les hommes ont, c'est vrai, rapidement tendance à oublier que femmes et hommes se complètent et c'est là la force de la différence des sexes. Il est si dommage de s'entêter à rester en conflit et pire encore, en rapport de force. Lou songe à la future femme de Han Bin, ou peut-être futur homme, qui sera une personne bien chanceuse. La jeune femme ne peut s'empêcher d'établir sans cesse des comparaisons entre l'homme de sa vie et son petit frère en cette soirée. Et à son grand dam, c'est loin d'être en la faveur de son mari.

Et puis le serveur et un moment intense de gêne suivit d'un moment de trouble. Aussi naturellement que s'ils s'étaient toujours connus, Han Bin apaise d'une caresse rassurante sur le bras la panique confuse qui s'installe en Louise. Finalement, le serveur est envoyé plus loin, la discussion reprend, Lou sort son bouclier d'humour. Elle arbore une mine faussement outrée lorsqu'il déclare ses talents d'actrice digne de feuilleton télévisé. « Tu es juste jaloux de mes talents. » Fait-elle avec une assurance si exagérée qu'elle ne tient pas plus longtemps et éclate de rire. La discussion revient sur le kimchi et l'alimentation de Han Bin.

Lou observe le visage du jeune homme prendre les traits d'une culpabilité presque enfantine. Elle sourit tendrement à l'évocation de la gouvernante. Elle a rencontré à plusieurs reprises cette adorable femme, toujours prête à se plier en quatre pour les autres. Elle ne savait pas qu'ils étaient si proches. « Ah je vois, c'est très malin ! » Fait Lou en répondant au clin d’œil de Han Bin par un regard complice. Il poursuit, explique plus en détails la complexité de sa situation. La jeune femme arbore une moue compatissante, jusqu'à ce que qu'un petit voile de peine n'habille ses prunelles le temps d'encaisser une information qui n'aurait pourtant pas dû lui faire cet effet. Finalement Moon Bin passe plus de son temps libre avec son petit frère qu'avec sa propre femme.

Loin de vouloir s'attarder sur ce sujet, elle hoche la tête pour montrer qu'elle a bien compris avant de demander ce qu'il compte boire. Finalement, le serveur revient avec davantage d'information concernant le dîner à venir. Là où Louise aurait dû afficher de la déception, elle n'y parvint pas. Un sourire ravi s'étala sur son visage. Ils allaient échapper à un dîner en compagnie de gens probablement tous plus barbants les uns que les autres. Elle tâche de se ressaisir en attendant que Han Bin précise au serveur qu'il ne sert à rien de prévoir autre chose pour eux. Elle remercie également le serveur d'un signe de tête.

Lorsque son regard se porte de nouveau sur son beau-frère, elle remarque qu'il a l'air embêté. Pourtant, cette situation l'arrange aussi non ? « Avec plaisir. Mais si tu changes d'avis, je peux t'inviter aussi ! » Elle lui offre un sourire rayonnant et alors qu'il propose d'aller voir le catalogue, elle dépose sa coupe à laquelle elle n'a pas touché sur le premier plateau venu, sous le regard d'une serveuse ébahie, avant de s'emparer de la main de Han Bin pour l'entraîner à travers la salle. « Allons-y oui ! » La perspective d'aller manger à l'extérieur, un menu qu'elle aura choisi lui redonne l'enthousiasme nécessaire.

L'énorme catalogue d’œuvres d'arts ne semble pas avoir été beaucoup parcouru. Lou relâche doucement la main de son cavalier de la soirée pour tourner les pages à deux mains. « Oh regarde ! Celui-là est magnifique ! » Lou désigne un somptueux tableau aux tons principalement bleus dans lesquels se détachent des silhouettes de couleurs. L’œuvre dégage une aura de liberté qui font briller le regard de la jeune femme.