Le weekend tant redouté était arrivé à une vitesse folle. Moon Bin et Lou s'était rendu sur les lieux loués par la mère de ce dernier. L'appartement d'Ulsan avec sa vue sur la mer aurait pu être un merveilleux endroit pour se détendre et se retrouver si le contexte n'était pas aussi difficile. Lou avait suivi le conseil de Hannie, prétextant ses règles, s'excusant même de les avoir. Moonbin n'eut pas l'air plus dérangé que ça. Il avait passé un peu de temps avec elle puis s'était replongé dans son travail en conseillant à Lou d'aller profiter du beau temps.

Louise ne se l'était pas fait dire deux fois et avait pris la poudre d'escampette. C'est légèrement morose qu'elle avait respiré les embruns avant de se dire qu'elle pouvait en profiter pour appeler son père. Elle proposa à ce dernier de venir passer Noël avec lui. Après une année sans se voir, il lui promit une soirée entre père et fille, et personne d'autre. Lou avait tenu bon, échangé des badinages avec son père. Puis lorsque le son de la fin d'appel avait résonné, elle s'était effondrée en sanglots sur le sable.

Les deux jours passèrent avec une lenteur presque insoutenable pour Lou. Même si Moonbin ne lui accordait que peu de son temps, elle, elle en avait trop pour penser à tout ce qui se passait dans sa vie. Elle s'était marié à un coréen qu'elle pensait aimer de tout son cœur. Il avait finit par la délaisser. Elle s'apprêtait à s'enfoncer dans la dépression mais Hanbin était miraculeusement apparu et lui avait tendu la main. Avec lui, elle avait senti quelque chose de nouveau, de fort, elle s'était laissée envelopper par le bien-être qu'il lui faisait ressentir. Elle s'était attachée à lui en moins de temps qu'il n'en faut pour le dire. Et coincée dans ce weekend organisé par sa belle-mère, elle n'avait qu'un souhait, être auprès de Hanbin.

Une fois de retour chez eux, Lou n'eut pas besoin de créer l'opportunité. Deux jours après, Moonbin annonçait un voyage d'affaire et Haemi était en congé. Ravie d'être laissée vraiment seule pour une fois, l'anglaise avait assuré à son mari que ça ne la dérangeait pas. Il ne demandait que par politesse n'est-ce pas ? Lou avait presque aussitôt envoyé un message pour prévenir Hanbin et lui demander ses disponibilités.



Et voilà Lou, qui attend son amant, stressée comme une adolescente, vérifiant toute les cinq minutes sa tenue. Sa robe n'est-elle pas trop courte ? Et son rouge à lèvre ? Pas trop voyant ? Et son parfum ? N'en avait-elle pas mis trop ? Et ses cheveux ? Devait-elle les détacher ? Les laisser comme ça ? Elle soupire, tremble. Elle a tellement hâte de le revoir et de pouvoir le serrer dans ses bras sans avoir à se cacher. Un coup d’œil à l'horloge de l'entrée lui annonce qu'elle ne va pas tarder à entendre la sonnette d'entrée. Hannie est ponctuel. Le cœur battant à toute allure, elle frissonne délicieusement lorsqu'elle entend enfin le son qu'elle attendait.

Elle ouvre la porte, le sourire aux lèvres. « Salut toi. » Il ne pipe pas mot, il a l'air surpris. Oh non, sa tenue est too much ? Elle se mord la lèvre, gênée avant de l'entraîner à l'intérieur pour refermer la porte derrière elle. Sans attendre, elle se glisse entre ses bras. Cela faisait déjà bien trop longtemps. Enfin. « Hannie. »

Le fameux week-end est arrivé tellement vite, même pour Hanbin, encore plus pour Lou. Il n’en doute pas. Il avait eu du mal à se concentrer, tournait en rond dans sa chambre comme un lion en cage Nana avait tenté de le faire sourire, de lui changer les idées. Il n’avait pas eu envie de s’isoler dans sa chambre à la fac non plus d’ailleurs. Et puis, la vieille gouvernante avait voulu le mettre en garde. Elle avait vite compris le jeu dangereux du plus jeune et de la belle anglaise. Ah, l’amour, on y peut rien n’est-ce pas ? Mais l’honneur de la famille est plus important que cela et elle l’avait rappelé à son petit protégé, non pas pour le sermonner, mais pour lui remémorer d’être bien prudent et d’être sûr de ce qu’il faisait. Même chez une famille respectable et qui semble posée, un scandale doit être étouffé de n’importe quelle manière. Hanie l’avait écouté avec une attention particulière avant de venir la prendre dans ses bras. Étonnamment, ça ne lui faisait pas entièrement peur. Il avait cette prétention folle de croire que son plan pouvait sincèrement fonctionner. Et lorsqu’il reçoit un sms d’elle, il s’empresse d’y répondre, n’écoutant plus vraiment ce qui se passe autour. Il sourit comme un abruti, se mord la lèvre, heureux à l’idée de la revoir.



Le lundi midi, son frère demande à le voir. Il a envie de râler sur cette histoire d’héritier, avant de convaincre Han Bin d’accepter le stage à Busan. Il se justifie en disant que tant que les parents seront concentrés sur lui, Lou et lui auront la paix quelques semaines, peut-être même, quelques mois. Son coeur se serre. Mais encore plus en pensant à la façon dont leurs parents ont agi face à Louise. Il ne veut pas partir, il ne veut pas de ce stage, mais si vraiment, ça l’aidera elle à moins avoir ses parents sur le dos, il le fera. Il lui demande quand même si le cabinet pourra l’aider pour son mémoire, avoir un lien… Il lui assure qu’il a vérifié, que ça ira. Baissant les yeux, il a fini par accepter, pour elle. En train, ce n’est pas si loin, il pourra revenir en douce pour la voir non ? Tant qu’ils lui fichent la paix.

Ses pas l’emmènent rapidement à la maison et il réajuste sa veste. Il a dû sortir l'uniforme scolaire aujourd’hui, car ce soir, il y a une énième soirée étudiante de fin d’année. Dire au revoir à ceux qui sont diplômés. Il n’a pas envie d’y aller à vrai dire. Mais comme il voulait profiter de chaque instant avec Lou et ne pas devoir repartir plus tôt pour se changer, il s’est habillé directement. La porte s’ouvre et... « Salut toi. » Déglutissant lourdement, il la regarde fixement en sentant son coeur s’emballer et son ventre se tordre. A-t-on jamais vu plus belle merveille ? Il n’en a pas l’impression.

La porte se ferme dans son dos et il l’enlace rapidement « Hannie. » Sa tête se pose sur la sienne et il en profite en déposant des baisers tendres sur sa chevelure. Il ne veut pas trop se donner en spectacle avec elle dans l’entrée. « Et ce tableau ? » demande-t-il alors, presque impatient, attendant que Lou l’emmène dans son antre. Une fois là, il l’attrape alors rapidement contre lui pour lui voler un baiser passionné, ses bras l’enserrant contre lui jusqu’à manquer de souffle. Il frémit, frissonne, pose son front contre le sien. « Tu es magnifique… Si magnifique... » Et il revient l’embrasser encore, et encore, déviant sur son visage, sa gorge, remontant à ses lèvres avant de lui caresser le visage en essayant de se reprendre dans son élan de passion. « I think about you all the time... »

Le soulagement qui l'envahit en sentant Hanbin contre elle se répandit dans tout son être, lui donnant l'impression de respirer à nouveau. Il est devenu son havre de paix dans la tempête qui règne dans son esprit. Elle cherche comment se sortir de ce pétrin. L'optique du divorce semble la plus évidente et pourtant, elle n'arrive pas à s'y résoudre, pas encore. Elle a bien trop peur des conséquences.

Les amants ont la journée pour eux, c'est ce qui compte pour le moment. L'instant présent. La sonnette de l'entrée retentit, Lou ouvre à Hanbin, toujours aussi beau. Son uniforme lui va à ravir, fait regretter à Lou de n'être pas une simple étudiante. Hanbin réclame le tableau, Lou le regarde étonnée avant qu'une petite voix lui intime qu'il a probablement raison. La maison a un système de caméras de surveillance. « Uh ? Ah oui ! » Elle se sent stupide de ne pas y avoir pensé. Elle s'écarte alors doucement et l'entraîne rapidement vers son bureau personnel.

A peine eut-elle refermé la porte sur eux que l'étreinte de Hannie se referme sur elle, leurs lèvres se retrouvent jusqu'à leur faire perdre leur souffle. Les compliments du jeune homme font frémir Louise qui lui réplique dans un murmure « Je peux en dire autant de toi... » Il l'embrasse de nouveau, la faisant soupirer, elle qui s'accroche à sa chemise dans le bas de son dos. Lorsque les lèvres de Hanbin glissent sur son visage, dans son cou, elle sent son ventre faire un bond, délicieusement. Les joues rosies, elle est si déçue qu'il s'arrête mais ses paroles lui donnent des frissons supplémentaires. « Me too Hannie... »

Se mordillant la lèvre avec envie, elle finit par se détacher de lui à contrecœur, glissant ses doigts entre les siens pour le mener jusqu'au tableau qu'il lui a offert. Elle l'a installé au-dessus de son sofa. De sa main libre, elle le désigne. « Tadaaa ! Il est vraiment magnifique hein ? » Elle regarde le tableau un instant avant de tourner son visage vers Hanbin à nouveau. « Merci encore... » L’œuvre ressort parfaitement sur le papier peint violet dans son cadre couleur chocolat reprenant celle des coussins du grand sofa aux tons crème.

Tout le bureau de Lou est une pièce chaleureuse et spacieuse. La porte de bois donne sur le couloir, le long des murs, des étagères de bois couvertes de livres mais aussi de DVD, de CD. Ça et là des dossiers pour ses cours de cinéma, un grand écran avec une bonne sonorisation pour visionner des films. Sous la fenêtre aux rideaux opaques, son grand bureau trône avec son ordinateur et le matériel nécessaire pour dessiner des story-boards. Quelques grandes plantes vertes viennent apporter une touche naturelle. Sur les pans de murs encore libres d'étagères des affiches de cinéma, miniatures. Beaucoup de Miyazaki, quelques grands classique dont l'indémodable Titanic.

Louise ajoute. « Bienvenue chez moi Hannie. Tu es officiellement la première personne à entrer ici. » Haemi est prohibée, Lou y fait son ménage toute seule, s'occupe soigneusement de ses plantes depuis le début. Moonbin n'a jamais souhaité y entrer et c'est tant mieux.

 « Je peux en dire autant de toi... » Il sourit, la dévore du regard, la dévore littéralement à vrai dire. Il est fou d’elle depuis cette fameuse soirée. Ça l’a frappé comme on se ferait frapper par une voiture : sans rien avoir vu venir. Ce n’est pas le genre d’histoire qui est arrivée avec lenteur, même s’ils se connaissent depuis un moment. Hanbin était perdu dès le moment où il s’est réellement intéressé à elle. « Me too Hannie... »

Il serre ses doigts entre les siens, un peu grognon de la voir se détacher de lui ainsi mais ça lui permet de se reprendre aussi. Enfin, il essaie. Un coup d’oeil vers son entrejambe, et il rougit rapidement. Hm, c’est sans doute, trop… tôt… ? Interdit ? Humpf… « Tadaaa ! Il est vraiment magnifique hein ? » « Hn, hn... » qu’il fait en essayant de se concentrer au maximum. C’est qu’il n’a jamais eu de passion dévorante comme ça pour quelqu’un. L’envie de lui faire l’amour sur le canapé, le bureau, contre un mur. AAAAAH ! Il passe une main dans ses cheveux, nerveux, et déglutit à nouveau. « Merci encore... » « Ani, je suis content de t’avoir rendue un peu heureuse. » Sincèrement. Il sourit en regardant l’oeuvre, parce qu’il sait que s’il repose son regard sur elle, il sera foutu pour de bon.

« Bienvenue chez moi Hannie. Tu es officiellement la première personne à entrer ici. » Il sourit à nouveau, observe la pièce, ne lâche pas sa main, lui caresse la peau de son pouce. « J’aime beaucoup. C’est vraiment bien décoré, travaillé. Et puis les affiches ! » Il point les Miyazaki du doigt, puis Titanic. « Je veux dire, j'ai tout ce qu'il me faut ici avec moi : j'ai de l'air dans les poumons et quelques feuilles blanches pour travailler. J'adore me réveiller le matin sans savoir ce qu'il va m'arriver, qui je vais rencontrer, où je vais échouer. Il y a quelques jours, j'ai dormi sous un pont ; et aujourd'hui je suis ici, sur le plus grand navire du monde, à boire du champagne en de si bonne compagnie. Je pense que la vie est un don et je ne veux pas la gâcher, on ne sait pas quelle donne on aura le jour suivant. On apprend à accepter la vie comme elle vient pour que chaque jour compte. » Il rougit après avoir sorti la réplique par coeur avant de la regarder longuement, intensément. « Sans oublier que le coeur d’une femme est un océan de secrets... » et sans résister, il plonge à nouveau sur elle, ses lèvres s’emparant des siennes, leurs langues valsant ensemble, il lui tient les hanches, la colle à son corps avant de tomber sur le canapé avec elle sur ses cuisses sans cesser de l’embrasser, de la tenir contre lui. Il dévie à nouveau sur ses joues, sa mâchoire, sa gorge, sa bouche et soupire lourdement contre cette dernière en la regardant comme un fou déjà trop amoureux. Sa main glisse du dos de sa belle à ses fesses qu’il caresse doucement. Il n’était pas venu avec ça en tête, c’est juste plus fort que lui ce feu ardant qu’il a pour elle. « You’re so wonderful… I don’t deserve you... » Ses doigts viennent frôler le visage de Lou, le caresse, et il l’embrasse à nouveau, plus doucement, plus tendrement, mais beaucoup plus sensuellement.

Han Bin semble distrait, ou plutôt gêné. Lou se surprend à le dévisager avec amusement. Elle n’a pas manqué de sentir l’excitation qui gagnait  le jeune homme lorsqu’ils étaient collés l’un à l’autre, c’est toujours moins facile à cacher que pour elle. Elle le désire ardemment, oh ça oui, mais quelque chose l’avait retenue d’aller plus loin à ce moment-là. Peut-être avait-il trop attendu ? Elle l’entraîne devant le sofa,le remercie pour le tableau, il se montre ravi mais ne la regarde pas en répondant. Lou a une terrible envie que le temps s’arrête. Lui, si beau et désirable à ses côtés, eux, seuls au monde dans son refuge. Et puis, elle lui dit, elle lui dit qu’il est le seul. Les doigts de Han Bin viennent caresser la peau de sa main avec une tendresse qui la fait délicieusement frissonner une fois de plus. Il apprécie la décoration, et Lou ne sait pas pourquoi, mais ça lui fait bien plus plaisir qu’elle ne l’aurait crû.

Han Bin déclame d’une traite une des plus belles répliques de Jack. Lou sourit en lui serrant un peu plus la main, après tout, la situation des personnages du film n’est pas si loin de la leur. Mais, elle aimerait que leur fin en soit une plus heureuse. Le jeune homme finit par la regarder de nouveau. Le sourire de Lou se fane doucement sous son regard de braise. Elle se sent possédée par l’aura irrésistible de Hannie. Les choses qu’elle voulait lui dire disparaissent de son esprit. Son regard oscille entre ses prunelles pleine d’envie et sa bouche, entrouverte comme un appel à la luxure.

Elle n’est même pas certaine d’avoir entendu ce qu’il prononce avant que leurs lèvres ne se rejoignent dans une nouvelle danse, plus intense. De délicieux fourmillements envahissent le creux de ses reins, et puis le désir la saisit brutalement alors qu’il la ramène contre lui, elle s’accrochant à son cou, ses doigts glissés dans ses cheveux. Il les fait basculer sur le canapé, les mettant dans une position osée, dévoilant les cuisses de Louise au regard de Han Bin.

Lou se sent frémir de tout son être qui le réclame à présent. Mais il continue de la torturer avec ses baisers divins, lui arrachant des petits gémissements languissants. Elle penche la tête en arrière pour savourer, fermant les yeux et ce n’est que lorsqu’il s’arrête qu’elle lui adresse un regard brûlant. Les mains du jeune homme se sont aventurées sur ses fesses avec une hardiesse qui lui plaît. Il lui glisse des mots doux, elle lui sourit, glissant une main sur sa joue, l’autre posée sur son torse, contre son coeur. « I’ve never been so sure that I want someone…I don’t deserve you and your beautiful soul. »  Cette fois c’est Lou qui prend les devants. Elle s’empare de ses lèvres, glissant ses mains sur les pans de sa veste pour l’en déposséder. En reprenant son souffle, elle glisse vers son oreille, lui murmurant d’une voix plus suave: « I want you. » Sa bouche vient mordiller le lobe de son oreille avant de redescendre délicatement et lentement vers sa gorge.