Je me sens épuisé. La journée n'en finit plus. Les devoirs non plus, les examens non plus. Enfin, si, ça au moins, j'en vois le bout. Mais la fatigue persiste, comme à chaque période comme celle-ci. Je décide alors de m'isoler un peu de tout ce boucan pour me ressourcer un peu. Ça ne devrait pas me faire plus de mal que le reste, de toute façon. D'ailleurs, j'ai rencontré ce gars là la dernière fois. Je n'ai jamais eu de mal à dire qu'une personne était belle en comprenant toujours la limite entre apprécier et aimer. Au sens littéral. C'est assez étrange, mais avec lui, j'ai l'impression qu'il me fait.. quelque chose ? Pourtant, ça n'est pas le moment de me laisser détourner.

Je monte les escaliers, atteint le toit et les traverse pour aller me poser d'un côté un peu plus tranquille. Histoire de ne pas être trouvé si facilement. J'y retrouve sans grand étonnement Ji Hoon, que j'ai déjà rencontré il y a un moment à cet endroit précis. Je lui adresse un sourire, quelque peu soulagé de le voir là. J'aime bien discuter avec lui, sans me sentir jugé des actions que j'entreprends.

- Hey. Comment tu vas ?

Cette question est sérieuse. J'entends beaucoup parler de lui pour ses réactions excessives. Il donne toujours cette impression d'être discret envers lui-même et sa vie. Il me donne toujours l'impression que mes problèmes sont moins dramatiques que je le pense. Et il me donne envie de l'aider à mon tour.

- Les journées n'ont que 24H et dieu merci. J'en peux plus de ces exams. Ça se passe bien, dans ta filière ?

Le stress et l'anxiété se faisait ressentir sur Ji Hoon. La pression qu'exerçaient ses parents sur lui devenait épuisante, il travaillait donc dur sur ses examens. Mais la fatigue était présente et ça pouvait se voir sur son visage, les cernes sous ses yeux.
Il avait donc voulu s'isoler, aller à cet endroit où il pourrait presque élire domicile, élire sa chambre tant il s'y rendait souvent, le toit.
Il n'avait pas perdu l'occasion de bousculer un étudiant qui avait supposément dis des choses sur lui. Il s'en occuperait plus tard, là il n'en avait pas l'envie.
Une fois atteint le toit, il se posa à sa place de d'habitude, ne faisant rien d'autre que regarder le ciel. Une larme venait de rouler le long de sa joue, il l'essuya et soupira. Bon sang ce qu'il détestait pleurer, mais tout ce stress le rendait dingue. Heureusement qu'il n'y avait personne car il ne voulait pas qu'on le voit ainsi.

Une voix interrompit ses pensées. Il la reconnaissait, c'était Jun. Un garçon qu'il avait connu ici même, et étrangement il le voyait différemment que les autres. C'était même le seul avec qui il parlait librement, sans pour autant lui confier sa vie. Il ne parlait que rarement de lui, et même à Jun il ne disait rien concernant le stress permanent d'être dans une filière qu'il n'avait pas choisi.
Il se tourna donc pour lui faire face et lui rendit son sourire.

"Ça va et toi ?"

Un mensonge car il n'allait pas bien, mais il ne voulait pas s'enfoncer dans des explications et tout ça. Que ce soit lui ou un autre il aurait répondu la même chose. Il avait toujours son sourire sur les lèvres. Il ne voulait pas vraiment inquiéter Jun, puis il préférait écouter ce qu'il voudrait dire que devoir parler.

"Je suis persuadé que tu t'en sors bien dans tes examens. Cet endroit est idéal pour s'isoler et se ressourcer. Ma filière ? C'est dur mais je m'accroche, faut bien si je veux devenir cardiologue."

Dit il en laissant un petit rire se faire. Ce n'était même pas drôle c'était juste un sorte de rire nerveux. Il avait cependant cette envie de se confier à lui, mais il ne pouvait pas faire honte une nouvelle fois à ses parents en les faisant passer pour des martyrs qui martyriseraient leur propre fils.

Je cesse de le cacher de la lumière naturelle du soleil puis m'allonge auprès de lui. C'est tellement plus agréable que la lumière artificielle de certaines salles de cours que je pourrais m'endormir sur place. Ji Hoon essaie de me rassurer, gentiment. Il n'est absolument pas comme beaucoup de monde s'amuse à le décrire. Peut-être que pour lui aussi, l'impulsivité prend le dessus. Souvent, je ne suis pas le seul à qui on devrait reprocher des choses. D'ailleurs, ses yeux sont rouges. La fatigue ? Peut-être ?

- C'est gentil. Même si tu ne sais pas comment je travaille véritablement. Mais je ne m'en fais pas trop non plus. C'est juste long et chiant à tenir. Pourquoi tu veux devenir cardiologue, si ça n'est pas indiscret ?

J'aime beaucoup discuter de tout et de rien avec lui. Je sais que ça restera pertinemment entre nous. J'ai aussi l'impression que nous sommes capables de nous comprendre plus qu'on en a l'air. Il a l'air d'ailleurs un petit peu nerveux. Peut-être au bord d'une crise de nerf. Ce que je peux comprendre pour le nombre de fois où ça m'est arrivé. Sans compter qu'entendre parler sur soit n'est pas fameux non plus. Ça ne doit pas aider.

- Loin de moi de vouloir te blesser en disant ça.. tu sais, ça parle un peu de toi dans l'école. Et je sais à quel point les gens peuvent être cons entre eux. Particulièrement avec les nouveaux qu'ils n'ont pas envie de comprendre. Tu m'écoute sans me juger. Je peux en faire de même autant de fois que t'en as besoin.

Je tourne la tête en sa direction et lui adresse un petit sourire. Si j'ai entrepris de faire du Kung-Fu, c'est aussi pour minimiser mon impulsivité à tout va. Elle ne me réussit pas, comme à pas grand monde d'ailleurs.

- La plupart des gamins sont un peu rétro dans leur esprit, ici. Je t'ai raconté que j'ai rendu ma mère folle tellement je suis impulsif ? Je fais du Kung-Fu, à cause de ça. Un panda qui fait du Kung-Fu. Sacrée coïncidence, non ?

Ji Hoon laissa le jeune homme s'allonger à ses côtés. Il se sentait bien ici, il se sentait un peu plus vivant en venant ici, parce qu'au moins personne ne l'embêterait et il n'aurait pas à écouter les rumeurs et toutes les choses qui se disaient sur lui. Il était impulsif et il se défoulait sur les autres quand il sentait que c'était nécessaire. Il se donnait une apparence, surement pour ne pas craquer sous la pression de sa vie. Il lança un regard à Jun quand celui ci parla.

"C'est vrai, je n'en sais rien, mais je suppose.
Mon père est cardiologue alors je suis sa voie."

Si seulement c'était vrai, il ne suivait pas sa voie par envie, mais parce qu'on le lui avait imposé. Parfois il regrettait d'avoir eu ce désir envers son ami d'enfance, parce que si il avait aimé que les filles, tout ça ne serait pas arrivé, il ne serait pas prisonnier de sa propre vie.
Il tourna de nouveau sa tête vers le ciel, les yeux fermés pour ne pas les bruler à la vue du soleil, mais parce qu'il se sentait aussi épuisé.

"Je suis habitué à entendre parler de moi là où je passe. Les gens se font des opinions toutes faites sans connaître réellement la personne."

Il haussa doucement les épaules. Réellement il n'avait pas une bonne réputation, mais il s'en foutait, bien que par moment il réglait ses comptes avec certains pour qu'ils se la ferment. Parce que ça lui rappelait énormément son ancien établissement, et ça le faisait suffoquer. Il avait réellement peur que ça recommence, que le fait d'aimer les garçons soit de nouveau mis en avant et que ses parents ne le mettent en garde une nouvelle fois. Qu'ils referment leur prise sur lui un peu plus. La souffrance psychologique qu'ils exerçaient sur lui était horrible, alors il n'imaginait pas si ils exerçaient d'avantage sur lui. Il finirait surement dépressif et peut être que la mort serait sa seule solution. Il en frémit rien que d'y penser.

"Je ne te connais pas depuis bien longtemps Jun, mais je ne sais pas pourquoi tu m'inspires une confiance. Je t'ai menti, enfin non pas vraiment, j'ai juste omis une partie sur le pourquoi je suis en cardiologie. Mes parents veulent que je devienne cardiologue, mais je ne veux pas faire ça de ma vie, j'y suis contraint."

Il avait dit cela sans avoir donné un regard à son voisin. Il n'avait pas vraiment envie de voir son regard, d'y lire de la pitié ou quelque chose dans le genre. Il n'avait pas vraiment besoin de ça. Il avait eu juste besoin de se libérer, d'avoir quelqu'un à qui le confier car ça le bouffait de l'intérieur.

"Toi aussi tu es impulsif ? Sacrée coïncidence c'est vrai."

Avait il dit en tournant cette fois ci son regard vers lui, un petit sourire sur les lèvres.

J'aime bien son petit sourire moqueur. Ça change de le voir si sérieux ou fatigué. Tout le monde a besoin, à un moment donné dans sa vie, d'un break pour se remettre des efforts que l'on fourni à longueur de journée. Et ce parfois 20H sur 24h. Je hoche la tête à sa question. Mon impulsivité m'a attiré des ennuis à plusieurs reprises. Même canalisée.

- Tu dis être habitué à entendre parler de toi.. ça n'est pas la première fois ? En tout cas, ça ne devrait pas être une habitude. J'en suis certain. Aish.. ce ne doit pas être facile tous les jours. J'en ai vécu du harcèlement. Et je l'ai assez mal vécu, d'ailleurs. Je reprends. Je suis content de t'inspirer confiance. Les gens ont plutôt tendance à rire en voyant ma tête qu'à se confier. Je suis un peu comme le débile de service de la classe. Et la famille.. c'est toujours compliqué. Je n'ai jamais connu mon père. Je sais maintenant qui il est, mais c'est compliqué de l'approcher. Qu'est-ce que tu aimerais faire, toi, du coup ?

Je lui lance un regard remplit d'intérêt. Ce ne doit pas être facile de suivre la voie que l'on nous a imposé. Puis nous ne sommes pas forcément aussi doués que nos parents dans leurs matières principales. Je me redresse. La lumière du soleil me brûle un peu trop la peau. Et puis mes bras étaient moins bronzés que mon visage. Il était temps de faire un choix.

- Ouais, trop impulsif. D'ailleurs, ça me donne envie d'en cogner un à chaque fois que j'entends parler de toi en mal. Laisse-les tomber. Il se lasseront de vouloir te faire du mal. Je pourrais te présenter à des potes si tu veux.

Je comprends son envie de se sentir en sécurité pour une fois. Loin du regard des autres, définitivement tranquille. Les années d'études sont certainement les plus dures. Une fois dans un boulot stable, tout devrait aller un peu mieux. En attendant, je pouvais le présenter à quelques personnes. Ça le changerait peut-être de se sentir un peu plus entouré. Surtout si il ne se trouve pas dans une matière qui l'intéresse vraiment.

- Je ne te jugerai pas. Le monde n'a pas besoin de ça, et toi encore moins.

Je me tourne à nouveau vers lui, un sourire encore plus élargit que la première fois.

"Non effectivement ce n'est pas la première fois que j'entends parler de moi par les gens. C'est peut être une habitude ? Je ne sais pas, mais j'ai juste envie qu'ils se la ferment."

A y penser il auraient préféré que les gens se la ferment, qu'ils fassent leur vie comme si de rien n'était. Parce qu'à présent il était anxieux, stressé, dépressif, juste parce que les gens n'aiment pas la différence.

"Les gens sont stupides eux même. Pour moi tu n'as rien d'un débile ou autre, et tu n'as pas un physique à vouloir en rire. N'écoute pas les gens qui disent ça. Si tu veux en parler je suis là. J'aimerai pouvoir danser, pouvoir en faire ma passion."

Bien sur que si il annonçait ça à ses parents il se recevrait une gifle pour remettre ses idées en place. Pour eux la danse n'était pas un métier, mais juste un plaisir d'un adolescent qui passerait avec l'âge.
Le jeune homme lança un regard à Jun et le vit se redresser. Il resta quand à lui dans la même position, ne souhaitant pas bouger. Mais il se redressa tout de même en entendant ses mots alors qu'il le regarda dans les yeux.

"Ne te donne pas de mal pour moi, je me débrouillerai. Puis ils ne méritent pas que tu causes des ennuis par leur faute.
Des potes ? Quels potes ?"

Ouais il préférait demander car il ne connaissait pas les amis de Jun et il ne saurait pas vraiment comment se comporter, et surtout qui dit qu'ils ne parleraient pas sur lui avec les rumeurs qui se font ? Il le regarda durant plusieurs secondes avant de se recoucher, reprendre sa position initiale et sourire délicatement.

"Tu es bien l'un des seuls qui ne me jugent pas. C'est pour ça je pense que je me sens si bien en ta présence et que je peux être moi même."

Son regard se tourna sur le sien et il attrapa doucement sa main la serrant dans la sienne comme pour le remercier avant de la relâcher.

Ses paroles sont remplies de gentillesse. Les autres ont envie de le voir comme un monstre. Il n'en est pas un. Je lui adresse un nouveau sourire. Comment ne pas être heureux avec lui ? Il est authentique quand on le connaît véritablement. Et créatif, de ce qui en ressort. Je suis pensif, une idée me vient en tête soudainement. Il fait des études.. mais rien ne l'empêche de faire une activité à côté.

- Tout ce que je sais est qu'ils méritent une bonne raclée. J'ai un très bon ami qui fait de la danse.. En fait, c'est sa filière. Tu t'entendrais probablement bien avec lui. Puis tu pourrais en discuter. Et qu'est-ce qui t'empêche de danser là, maintenant, de suite, sur ce toit ? Personne ne te regarde hormis moi.. ça te défoulerait peut-être. Pour moi c'est le Kung-Fu, pour toi ça pourrait être ça.

Mon sourire ne m'a pas lâché. Il me prend la main, surpris, je baisse la tête vers elle puis relève les yeux pour les plonger dans son regard. J'ai l'air de vraiment l'avoir touché. Ca n'est pas si mauvais d'apporter du bonheur dans la vie des gens ? Pour une fois. Mon impulsivité avait déjà fait beaucoup de dégâts à l'heure où nous discutions.

- C'est normal. Tout le monde devrait être comme ça avec toi. Ou avec quiconque. D'ailleurs.. je l'apprécie beaucoup, ce type qui fait de la danse. Tu pense qu'il y a une limite entre avoir des goûts et tomber amoureux de quelqu'un ?

Je grimace un peu en baissant la tête, ne sachant pas si je dois en avoir honte ou non. J'ai toujours été facilement proche des filles. Ca ne m'a jamais empêché non plus de dire qu'une personne est belle.. Mais avec Qing, ça allait au-delà de ça.

- Désolé, je viens encore à te parler de mes problèmes.