▬"Attention, elle va essayer. Et une,deux. Mesdames et messieurs, la jeune Baek vient de..." Pas le reste de la phrase, nul ne l'entend. Logique, vu que je viens de sauter sur le dos de l'idiot qui me sert de meilleur ami. L'une de es mains sur sa bouche pour qu'il arrête de dire des bêtises. Les autres rigolent bien entendu. Ca ne peut être autrement. Après tout, ça sert à ça les amis? Rigoler. Pourtant, j'ai mal. Durant un instant mon sourire disparaît en me demandant si il est toujours, si il va bien. Mais je ne dois pas être déprimée, non pas maintenant. Demain, retour à Yamang, je serai une vieille maintenant, une élève en première prépa. Pourtant, autour du feu de camp dans l'immense terrain de mes parents adoptifs, même si mon regard se pose sur mon meilleur ami et notre équipe, je ne peux que me demander comment il est maintenant. ▬

On raconte que je suis née le 23 octobre dans l'une des maternités huppés de Séoul. Seulement, ce n'est qu'un mensonge. Personne ne connait mes parents, enfin plutôt mes géniteurs. Absolument personne. Je suis l'un de ses bébés qu'on trouve de temps en temps dans une ruelle, derrière une poubelle ou dans une poubelle. Quoi que moi, j'ai été abandonnée devant le commisariat. Plus pratique non? Dans mon dossier d'adoption, il est dit que je n'avais que quelques heures pour tout vous dire, et qu'une chaîne avec en pendentif en forme de dragon autour de mon cou. Enfin, c'est le mystère de ma naissance.

On m'a placé dans un des orphelinats de la ville. Des enfants, il en arrive souvent mais c'est rare d'avoir des nourrissons, alors deux la même semaine. Et oui, j'avais un camarade de jeu très tôt. J'ai des souvenirs d'une des éducatrices qui nous expliquait quand nous étions un peu plus grand, que le seul moyen pour arrêter une de nos crises de larmes, était de simplement nous mettre l'un à côté de l'autre. C'est donc logique, si on y réfléchit bien que nos premiers mots furent le prénom de l'autre. Chul et Ho Chull. Enfin, on disait seulement Chul pour les deux, ça allait plus vite.

Chul, il était mon alter égo, mon jumeau, mon meilleur ami et même mon amoureux. Nous avons fait toutes les bêtises possibles et iniméginable ensemble. Au faite, on nous appelait les jumeaux car l'un commençait une phrase et l'autre la finissait. Des inséparables. On en a fait des bêtises, des petites comme des grosses. Ils nous arrivaient de nous disputer comme tout les enfants mais on ne pouvait pas rester fâché plus de deux minutes. Je me souviens qu'on montait sur le toit pour regarder les étoiles, il me serait dans ses bras et me disait qu'on sera toujours ensembles. Vu voyez cette image qui circule sur le web du petit garçon qui dit je t'aime à une petite fille. Elle lui demande si c'est comme les grands et lui, lui répond non, moi c'est pour de vrai. C'était ça.

Mais dans un orphelinat, on y reste pas vraiment. Certains y vivent jusqu'à leur majorité mais le plus souvent on se fait adopté. Et c'est ce qui s'est passé pour moi vers mes huit ans. Seulement, lui, personne ne le voulait. Et nous ne voulions pas être séparé. C'est ainsi que la veille de mon adoption, nous avons décidé de fuguer. Le mur était haut, il pleuvait. J'ai glissé, il a essayé de me rattraper. Une chute de deux mètres, mes yeux sur lui, une larme sur ma joue. Lui, me regardait tenant dans sa main mon collier. Ce fut la dernière fois que je l'ai vu.

▬ On chante en sirotant de la bière. Ma tête est posé sur l'épaule de mon meilleur ami. Il est le seul après tout à savoir que j'ai été adoptée. C'est lui qui m'a donné envie de faire du patinage artistique. Il me regarde tout en me souriant avant de regarder quelqu'un d'autre. Je cache ma bouche pour que nul ne me voit ricaner. ▬

Deux mois, ça faisait deux mois que la famille Baek m'a adopté. Et ça faisait une semaine que j'avais dû aller à l'école. Tout était nouveau pour moi. La richesse, des parents qui sont aux petits soins pour moi. Mais j'avais un vide, son image commençait à disparaître. Au faite, après ma chute, j'ai complètement oublié à quoi il ressemblait. Juste une sensation que j'avais tenu à quelqu'un, que je m'étais attachée à quelqu'un. Un peu comme un frère, non? Quoi qu'il en soit, c'est le gamin le plus pourri gâté qui est mon meilleur ami, mon partenaire et maintenant mon petit ami.

Vous voyez dans l'école privée, celui qui était le plus riche commandait. Et lui, ne se gênait pas pour donner des ordres à tout ceux de notre classe. Il a essayé oh que oui. Les ordres, les coups bas. Jusqu'au jour, peut être six mois après mon adoption, il s'est retrouvé avec mon poing dans le visage. C'est ainsi que nous sommes devenus amis.

Sa mère était une ancienne danseuse sur glace, et il a grandit avec des patins aux pieds. Un jour, vers nos dix ans, alors que nous étions tous à la patinoire, il m'a tendu la main pour m'apprendre à glisser. Et là, ce fut une sensation étrange, comme une délivrance. Sur la piste, je me sentais libre. Les autres jouaient entre eux, moi, j'imitais ses gestes. C'est ainsi que le soir même, je suivais mes premières leçons.

A douze ans, nous étions prêt pour les championnats nationaux. Notre premier concours, la première place. Nous passions notre temps ensembles, premier baiser, premier rendez-vous, première fois. On se complète tout les deux. Meilleurs amis, à la vie à la mort et ça se voit sur la glace comme sur la terre ferme.

Un jour, lors d'un entraînement pour les JO, notre entraineur nous a annoncé que nous allions au lycée à Yamang Institute. Ce fut un peut compliqué de conjurer les études et les entraînements. Mais la gamine que j'étais est devenue une jeune femme qui mord la vie à pleine dent. Espérant, seulement qu'un jour, celui qui me manque me verra à la télé ou dans un magazine pour reprendre contacte avec moi.

Maintenant, je rentre en première prépa, continuant mes entraînements tout en me préparant pour les JO d'hivers, les différents championnats solo ou en couple. Mais aussi, pour rentrer à l'université de Séoul en stylisme. Car je crée nos tenus pailletés depuis quelques temps.

▬ Nos lèvres sont à quelques centimètres l'un de l'autre. Nos yeux sont fermés. Nous allons encore jouer la comédie devant les autres. Pourtant, le bruit d'une bouteille jetée sèchement contre le sol, nous arrête. Pas besoin de savoir qui est celui qui pète un câble. Son véritable copain, même si nous savons tout les trois qu'il n'y a aucun sentiment entre nous. Le pauvre doit supporter nos mises en scène pour protéger leur secret. ▬