Le soleil commençait à se coucher et m’indiquait qu’il était temps pour moi de rentrer. J’étais resté toute la fin d’après-midi enfermé à la bibliothèque afin d’être sûr de bien m’avancer sur mes cours avant de rentrer aux dortoirs. Je devais réviser pour mon prochain contrôle en psychologie et je ne voulais pas le rater sachant qu’il s’agissait d’une de mes matières principales. Je m’avançais donc pour pouvoir faire ce qu’il me plaira une fois rentré, sans me soucier de rien en rapport avec les cours. Je me dirigeais donc vers les dortoirs des scientifique, finissant de manger mon beignet au chocolat, remontant ainsi mon taux de glycémie.

J’avançais tranquillement et entrais dans ma chambre, jetant mes affaires sur mon lit avant de remarquer Jong Hoon en boxer sur son lit. J’enlevais mes chaussures et faisais un petit coucou à Sherlock et Watson avant de m’installer à côté de Jong Hoon sur son lit. Je le regardais d’abord lire son livre avant de poser mon regard sur ses tatouages. Ils étaient vraiment beau et le rendaient encore plus beau. Comment est-ce que de l’encre peut autant embellir un corps ? Je ne sais pas, la beauté est trop abstraite pour être compréhensible. Tout comme l’attraction… Mise à part l’attraction terrestre et toute autre attraction physique… enfin, physique comme la matière… cela va sans dire.

Je me retrouvais donc à toucher ses tatouages, caresser sa peau en me demandant ce que cela donnerait si ces tatouages recouvraient ma peau. Je continuais d’observer son torse en dessinant les contours de ses tatouages de mon doigt, sans ajouter un mot. Je posais ma tête sur son épaule et attendais ainsi, rien en particulier et avec aucune idée en tête, simplement une sensation.

Perdu dans mes pensées, je ne remarquais pas le regard de Jong Hoon. Je continuais doucement mes mouvements jusqu’à ce que sa question retentisse dans ma tête. Elle ne se voulait certainement pas méchante ni rien, alors pourquoi est-ce que j’ai cette sensation de malaise ? Je ne sais pas et bien que je souhaite garder la tête baissée à regarder son torse tatoué, je ne peux non plus m’empêcher de lever les yeux et rencontrer son regard. Un regard quelque peu confus mais sans plus. Une question réelle, sans arrière pensée qui me désarme avant même que j’ai pu dire ou faire quoi que ce soit. Je me décale un peu tout en restant assez proche de lui, les yeux toujours rivés dans les siens.

“Je touche simplement tes tatouages, ils sont beaux.”

Arg, pourquoi être aussi timide pour un truc aussi con. Je suis capable de lui montrer quand j’ai envie d’une partie de jambe en l’air mais pas quand je veux qu’on soit simplement ensemble un instant. Aaah, rien que le formuler dans ma tête est une épreuve alors comment réussir à le dire à haute voix ? Je me cache alors, sans être réellement caché, posant à nouveau ma tête sur son épaule et n’ayant ainsi plus à voir son visage. Je dirigeais mon regard vers la machine à café de Jong Hoon, respirant lentement et tentant d’apaiser mon rythme cardiaque ainsi que de formuler à voix haute une phrase compréhensible. Peut-être que la machine aura un effet apaisant sur moi, comme regarder un court d’eau ou le ciel bleu.

“On peut juste rester comme ça pendant un petit moment, je n’ai pas envie de faire grand-chose. Et tu peux continuer de réviser.”

C’est assez explicite ? Compréhensible ? Il étudie la psychologie non ? Il comprendra normalement, même s’il doit un peu réfléchir avant d’arriver à la bonne conclusion. C’est pas si compliqué non ? Enfin, je reste stoïque, ferme les yeux et attend de voir ce qu’il va faire et ce qu’il se passera, mon coeur se remettant à accélérer dans ma poitrine.

Rester simplement près de lui m’était suffisant, c’est même la seule chose que je souhaitais. Du moins pour le moment, ce moment-là. J’avais terminé ce que j’avais à faire et je ne voulais pas lire ou de nouveau réviser, je voulais rester allongé ou assis sur le lit, près de lui de préférence. Fallait-il un raison à cela ?  Certainement, et il y en avait une. Elle était simple et compliquée à la fois alors j’attendais. Jusqu’au moment où il ouvre la bouche. Je comptais feindre de m’endormir et laisser couler, ignorer sa question mais je me retrouvais avec ses yeux rivés dans les miens. Impossible de l’ignorer ou de dévier du regard. Alors je réponds cash, tout comme il l’a été à l’instant. Je prends donc mon courage à deux mains et parle avec fermeté.

“Comment ça ? Je demande juste à rester assis comme ça. C’est tout. Tu ne peux pas réviser si je suis à côté de toi ? Je ne ferai pas de bruit, promis !”

J’en avais peut-être trop dit et je commençais peut-être à m’emporter. Je n’avais pas tant l’habitude d’être proche de quelqu’un que de vouloir l’être encore plus. Qu’est-ce que je pouvais dire de plus ? Je n’étais pas habitué à ce genre de chose et ce con ne comprend pas où je veux en venir. Je prends un grande inspiration avant de reprendre, plus calme.

“Est-ce que ça t’ennuie si je reste juste à côté ?”

Voilà, c’était dit et j’ai presque l’impression d’être une fille. Je venais de dire que c’était lui le problème. Enfin presque, mais la manière de formuler ma question revenait presque à cela. S’il répond que non, et je l’espère au plus profond de moi, alors on continuera ainsi et il ne devrait pas y avoir de problème. Mais ça reviendrait à dire : pourquoi tu en fais tout un plat si ça ne te dérange pas ? Et s’il dit oui…. Il a intérêt à ne pas songer à cette idée. Pas même à hésiter sinon je le frappe. Même si je ne suis pas fort. Et là je serais le stéréotype parfait d’une copine en colère ou jalouse…. Super ! Enfin bon, j’attends sa réponse, les yeux dans les yeux, sans les cligner comme s’ils s’agissaient d’un jeu où je ne voudrais pas perdre.

Han Young me répond fermement mais je sens quand même un peu d'hésitation dans sa voix. Il réitère sa demande et j'ai comme l'impression qu'il est vexé de ma précédente réponse. Oui, il a raison, dans le sens où il n'y a rien de mal à simplement rester assis côte à côte. Mais j'ai l'impression que ce n'est pas de ça qu'on parle. Que rester comme ça n'est qu'un prétexte pour autre chose. Et je déteste ne pas comprendre ce qu'il se passe. C'est probablement ce qui fait mon talent en psychologie : j'arrive toujours à cerner les gens, et si je n'y arrive pas, je persévère. Le soucis c'est que je n'ai jamais eu à analyser Han Young. Ça a toujours été très simple entre nous. Peut être parce qu'il n'y avait pas de nous justement.

Il me redemande si ça m'ennuie qu'il reste à côté de moi. Et même si la question semble innocente, j'ai l'impression qu'il faut que je fasse attention et que je trouve la bonne réponse. Rien ne l'indique, mais Han Young me semble sur les nerfs, irrité, et il est clair qu'il a quelque chose à dire.

“Ça ne me dérange pas que tu reste à côté. Ce qui me dérange c'est de ne pas comprendre pourquoi.”

Oui, le tact ce n'est pas mon truc, et ça Han Young le sait bien. Je ne sais plus comment les gens sont censés réagir. Enfin c'est l'excuse que je donne. La vérité c'est simplement que je n'approuve pas l'hypocrisie générale et donc que je refuse de m'y soumettre. Donc je dis ce que je pense, point.

Néanmoins, je ne veux pas le blesser. Si il y a bien une personne d'importante pour moi ici, c'est lui. Pourtant, même si nous sommes allés beaucoup plus loin qu'un câlin au niveau de l'intimité, cette situation n'est pas normale. Nous sommes amis. C'est peut être même mon meilleur ami. Et oui, nous couchons ensemble régulièrement. Mais ça n'a toujours été que physique. Alors que ça, c'est beaucoup plus... personnel ?

Il a dû sentir que j’étais assez irrité, ça se voit à sa réponse. Mais ce n’est passez. Il a beau comprendre les autres, pourquoi ne me comprend-il pas ? Je ne sais que penser de sa réponse car même si ce n’est pas ce à quoi je m’attendais, il en reste qu’il est toujours aussi franc et qu’il veut vraiment savoir ce que je veux. Mais ne peut-il pas en rester à ‘“Je veux juste rester assis à côté de toi ?” C’est là que l’ébullition a commencé, au fond de moi.

“Je t’ai simplement dit que je voulais rester assis à côté de toi et ne rien faire, il faut forcément une raison à cela ? On a l’habitude d’être proche et même plus que cela, si ça ne te dérange pas alors pourquoi tu poses autant de questions ?”

Si je commençais déjà à agir comme une fille, autant continuer jusqu’au bout. Apparement, elles finissent souvent par obtenir ce qu’elles veulent. Je dis bien apparemment car je n’en suis sûr et il faut être douée et belle, et être convoitée, sinon la fille se fait jarter. Puis je tilte. Et si je me fais jeter ? Alors en une fraction de seconde, à peine eu-je le temps de finir ma précédent phrase, que je me sens exploser. J’étais arrivé au point culminant, il n’avait peut-être pas le temps de parler, ou peut-être ne l’avais-je simplement pas entendu, mais qu’importe je le poussais déjà avec violence, tout du moins avec force, ma force.

“Sérieusement ! Tu peux pas juste arrêter de poser des questions ? Je voulais simplement être près de toi, c’est toi ! Tu veux une analyse approfondie de mon subconscient ou quoi ?”

Oui je venais d’exploser, j’étais fou de rage, comment est-ce qu’une simple question a pu dégénérer à ce point ? Au point de me faire vouloir le frapper ? Ce serait une première mais bon, comme on dit, il  y a une première fois à tout.

Je me doutais que ma réponse ne lui plairait pas, mais j'étais loin de m'imaginer à quel point. Pourtant il est habitué à ma maladresse sociale on va dire. Il me connaît. Donc pourquoi est-ce qu'il s'énerve comme ça ? Il me reproche de poser trop de question mais pourquoi est-ce qu'il ne me donne pas de réponse claire dans ce cas ? Il se contente de me répondre par une autre question donc évidemment, je ne peux pas comprendre. On a l'habitude d'être proches, il a raison. Mais ce n'est pas le même type de proximité. C'est différent. Et je ne suis pas complètement à l'aise avec ça. Je pensais que c'était clair entre nous. On est amis, on est sex-friends, mais ça s'arrête là. Du moins de mon côté. Pourtant ça a l'air de le déranger.

Je m'apprêtais à répondre quand il me coupe. Hors de lui, il me pousse et se met à crier. Je suis paumé, je ne comprends plus rien. Pourquoi est-ce que cet abrutit ne me dis pas simplement ce qui ne va pas ? Je me met à imaginer des raisons mais je sais que je suis complètement à côté de la plaque. Il n'y a aucune chance qu'il éprouve autre chose que de l'amitié. Alors pourquoi est-ce qu'il me fait cette crise ?

Je lui attrape les poignets pour qu'il arrête de gesticuler et je suis forcé de crier plus fort pour qu'il m'entende.

“Je ne veux pas une analyse de ton subconscient, je veux juste comprendre ce qu'il t'arrive, espèce d'idiot ! ”

Je ne sais pas pourquoi, mais je m'énerve aussi, repensant à sa demande de "juste rester côte à côte" comme un vieux couple. Je lui ai juste posé une question et lui il pète un câble.


“Je sais très bien qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Je ne sais pas quoi et si tu t'attends à ce que je le devine, bah tu vas pouvoir attendre longtemps à mon avis ! Je ne suis pas devin, ok ? ”

Toujours les poignets saisis, je le force à avancer et le plaque contre le mur. Droit dans les yeux, je répète ma question :

“Donc vas-y, c'est quoi le vrai problème ?”

J’étais vraiment énervé, oui vraiment et complètement. Je savais au fond de moi pourquoi je l’étais mais je n’étais vraiment pas prêt à me l’avouer alors je continuer de gesticuler et d’éviter de le regard de Jong Hoon. Mais bon, que fait face à un garçon. Enfin, un garçon mieux bâti, car j’en suis un aussi. Et au moment où il saisit mes poignets, c’en est fini de moi. Dans tous les sens du terme. J’arrête tous mes gestes, tout. Plus un mouvement, pas même le plus infime. J’en fus même le souffle coupé un instant. Une seconde qui me parut être des minutes entières. Une seconde durant laquelle toutes sortes de questions fusèrent dans ma tête avant que la plus importante ne retentisse. Enfin j’avais d’abord le droit à une remontrance, me montrant en quoi j’avais tort de réagir ainsi, et pourquoi son questionnement est légitime. Mais que pouvais-je répondre ? Je n’étais vraiment pas en état de raisonner logiquement et je comprends maintenant les couples, et ces filles qui en ont marre. Cette dispute me fatigue déjà et les seules issues qui pourraient me plairaient seraient qu’on en reste là, que l’on se mette finalement à baiser ou que tout s’arrête simplement, qu’il révise et que je fasse comme il était prévu dans ma tête et que je reste à côté de lui pendant ce temps. Mais je sais qu’aucun des trois ne pourrait arriver. Enfin, mise à part le sexe. Si je commence des attouchements…. Nan ! Je le regarde dans les yeux, Je respire un grand coup après avoir supprimé toutes les autres pensées qui embrumaient mon esprit et tentais de m’exprimer, et cette fois de façon relativement calme. Mais mon dos heurte le mur et l’attraction sexuelle liée à la colère ne font pas un très bon cocktail, alors je ne sais même pas ce que je dis et pris au fond de moi pour ne pas commettre une erreur irréparable.

“Je te le redemande, faut-il vraiment une raison pour que je veuille que l’on reste à côté ?” Ma colère ressurgissait et je tentais de me retenir mais rien n’était sûr et ma voix commençait à trembler alors je fermai les yeux pour me calmer. “Il n’y a pas de raison et je n’ai rien. Je vais bien alors arrête de faire comme si tu savais tout !”

J’avançais mon visage, maintenant à quelques centimètres du sien et mes yeux fixant son regard, je continue de cracher mon venin, que je vais certainement regretter le lendemain.

“Je réitère ma réponse : Il. N’y. A. Pas. De. Problème ! Enfin, il n’y en avait pas car au vu de la dispute, il y en a maintenant un.”

Je n’ajoute rien, perdu dans cette dispute qui a démarré d’un rien et qui n’a plus aucun sens pour moi. Ce n’est presque plus qu’un défouloir où je déverse ma haine contre lui. Mais je ne veux rien lâcher.

Des disputes, on en a déjà eu. On s'est engueulé plusieurs fois parce qu'un de nous avait oublié de nourrir Sherlock et Watson, on s'est engueulé parce que la chambre était en bordel, on s'est engueulé parce qu'on était pas d'accord sur un point de psychologie, on s'est engueulé pour savoir qui avait laissé la machine à café allumée.. Mais ça n'a rien à voir avec ce qu'il se passe maintenant. Han Young est blessé, je le vois. Il m'en veut et c'est quelque chose de bien plus grave qu'une histoire de bordel dans la chambre. Je ne l'avais jamais vu s'emporter comme ça. Il ne s'en était jamais pris physiquement à moi. Du moins pas dans ce genre de situation. Et ça me rend fou de ne pas comprendre.

Au fond j'ai une idée, mais je ne préfère pas y penser parce que ça rendrait les choses bien plus compliquées. Sa bouche me crie qu'il n'y a pas de problème mais ses yeux disent le contraire. Je déteste ça. Je ne veux pas le voir mal. Pas lui. Pourtant si je lâche l'affaire maintenant, ça risque de s'aggraver plus tard. Alors pourquoi ne veut-il pas régler le problème maintenant ? Qu'est-ce qu'il peut y avoir de tellement grave pour qu'il n'ose pas m'en parler ?

Il veut juste qu'on reste à côté, pendant que je révise, mais ça, ce n'est pas normal. Je le sais et il sait que je le sais. Et j'ai l'impression que c'est pour ça qu'il s'emporte autant.

“Si il n'y a rien et que tu vas bien, comme tu le dis, alors pourquoi est-ce que tu cries si fort ? ”

La dispute est un problème, d'après lui ? Non, le problème c'est qu'il ne veuille pas admettre qu'il y en a un. Ce n'est pas que je ne veuille pas qu'il reste contre moi alors que j'étudie. Dans l'absolu je m'en fiche, ça ne change rien pour moi. Mais ça a l'air important pour lui, et c'est ça qui me gène. Est-ce que je devrais lui demander directement, au risque d'avoir l'air ridicule ? Je suis presque sûr que ce n'est pas ça. Ou alors j'espère que ce n'est pas ça. Et ça va me prendre la tête alors tant pis, je demande !


“Han Young..”
Je m'approche de son visage et il n'y a que quelques centimètres qui nous séparent maintenant.  

“Est-ce que par "rester à côté de toi" tu n'entends pas plutôt "rester à tes côtés" ?”