Silence is the most powerful scream
18h30. Je devrais être en train de bosser mon cours de psycho mais après la semaine de folie que je viens de m'envoyer, je n'ai franchement pas la foi de faire quoi que ce soit. Donc au lieu de rester dans ma chambre et de me lamenter sur ma procrastination du jour, je préfère faire un tour dans l'internat. Comme toujours, la salle commune est bondée et des sportifs haussent le ton avec des artistes. Je n'ai franchement pas la force de me poser là et de faire comme si il ne se passait rien donc je passe mon chemin. Je n'ai pas vraiment envie de parler ou de faire un effort pour sourire et jouer avec les codes sociaux et encore moins envie de me prendre la tête sur les choses à dire ou pas et sur l'état de mes cheveux ou de mon maquillage pour le moment. Je n'enverrai donc pas de message à Han Young ou à une camarade quelconque.
Le choix est donc vite fait : je passe au distributeur prendre deux boissons et commence à grimper les étages jusqu'à arriver au toit. Je me souviens, en première année, je n'osais jamais pousser cette grosse porte en fer. Ils avaient été très clair lors de la journée d'intégration : le toit est un endroit dangereux et donc interdit. Tout élève surpris là-bas serait renvoyé. Moi qui avais tellement travaillé pour entrer à Yamang, je n'aurais jamais ruiné ça pour un peu de curiosité.
Sauf que les années ont passé et que j'ai compris que cette interdiction était juste pour la forme. Juste pour que l'administration puisse se protéger en cas d'accident. Et qu'évidemment, personne -ou presque- ne respectait cette règle.
J'ai dû y venir deux ou trois fois, pour discuter ou observer la vue, mais depuis que Jun est arrivé, je me surprends à y aller beaucoup plus souvent.
Quand je passe la porte, il est là, assis contre le mur, une cigarette dans la bouche et le regard perdu dans le vague. Sans un mot, je le rejoins et pose les boissons entre nous. Même sans discussion, sa présence m'apaise. On se comprend sans parler, et la meilleure des thérapie entre nous est très probablement le silence. Il a compris au fil des ans qu'il y avait quelque chose dont je ne pouvais pas parler, et que parfois, j'avais juste besoin qu'il soit là, sans plus.