14 décembre 1999, la neige et le froid se sont installés à Séoul comme pour chaque hiver. Malgré l’ambiance glaciale, le cycle de la vie continue comme le prouve cette femme en train d’accoucher de son premier et unique enfant dont la respiration est bloquée par le cordon ombilical que les médecins s’empressent d’enlever. Ce bébé c’est moi Park Haneul. Mon père, Jae, est le patron de l’entreprise Eden de jeux vidéo, partenaire de Nintendo, et le créateur du célèbre MMORPG Wahoo qui date seulement de l’année dernière. Pourquoi avoir choisi de nommer son entreprise Eden ? Bonne question et il faut dire que mon géniteur est souvent resté vague sur ce sujet-là. A chaque fois que je lui pose la question il me répond que la programmation c'est son jardin d'Eden et que les joueurs aient aussi l'impression d'être dans ce lieu paradisiaque en jouant à ses jeux. C'est la seule explication qu'il m'a donné. Mon père est donc comme vous l’aurez compris un homme d’affaire qui a très peu de temps à consacrer à son entourage privilégiant son travail à sa famille. Je n’ai jamais compris ce choix étant enfant puis au fil du temps je pense le comprendre. Ma mère, elle, est un mannequin que mon géniteur a rendu célèbre en se mariant avec elle et qui voyage donc beaucoup à cause de son métier. Mais quand elle est à Séoul, elle s’efforce de rattraper le temps perdu avec moi et me ramène des photos d’où elle va souvent avec un souvenir. Enfin je ne suis jamais vraiment seule avec les domestiques en particulier avec ma bonne, Nina, qui est rentrée au service de mes parents quand je suis née. Aussi loin que je me souvienne, elle a toujours été à mon service et est rapidement ma confidente.

L’enfance période de joie et de décision… Car oui après tout étant enfant nos goûts se développent et nos préférences se font ressentir dans à peu près tous les domaines possibles. C’est aussi le moment où nous découvrons nos passions. J’ai découvert celle du cinéma par exemple en regardant d’abord des dessins animés puis des films touchant un peu à tout sauf au genre de l’horreur. Ma passion du cinéma est donc en moi depuis le départ si on peut dire ça comme ça. Puis celle de la danse est apparue quand j’avais une dizaine d’années lors d’un cours de théâtre. Je devais jouer une danseuse maudite, elle était trop en avance sur son temps alors personne n'appréciait son art. Depuis je n'ai jamais lâché le parquet faisant de la danse ma deuxième passion même si je n'ai qu'un niveau correct.
L’enfance c’est là où nous découvrons nos peurs pas toujours évidentes au premier abord. Mon paysage de peurs se composerait de quatre parties : les bêtes à deux pattes et à plume, les zombies, les clowns et pour finir le pouvoir des autres sur moi. Autant pour les trois premières j’ai appris à me contrôler par exemple je ne change plus de trottoir en courant parce qu’il y a un pigeon devant moi à 100 mètres, chose que je faisais étant petite. Autant pour la dernière je n’arrive toujours pas à contrôler mes réactions qui généralement sont des répliques bien senties. Comme ça, j’éloigne les autres de moi vu que je ne peux pas vraiment me battre.
J’ai de faibles défenses immunitaires tombant malade plus ou moins régulièrement donc. Je mets plus de temps à cicatriser que les autres et je fatigue beaucoup plus vite. Par exemple, une séance de sport intensive de deux heures peut m’achever si je me donne à fond. Mon apparence physique donne d’ailleurs cette impression que je suis fragile comme si j’allais me casser en deux trois mouvements. Quand j’étais enfant, j’ai mis du temps à accepter mes défenses immunitaires et leurs conséquences jouant alors à la casse-cou. Inutile de dire que Finch, mon médecin personnel, était loin d’être content quand il apprenait mes « exploits » de la journée. Oh ça oui je me suis faite remonter les bretelles plus d’une fois par mon docteur. Même si maintenant je me suis calmée sur les bêtises et ai accepté la réalité. Vu que mon physique ne peut pas me servir d’arme alors mes mots seront mes armes.

L’adolescence est je pense la période la plus mouvementée de notre vie. Peut-être parce que c’est là où il y a le plus de haut et de bas tant et si bien que notre vie ressemble plus à un grand huit émotionnel qu’autre chose. C’est là où nous doutons de ce que nous sommes, de ce qui compose notre identité, de nos goûts. Tout être humain passe forcément par cette phase de doute après pour une plus ou moins longue période.
Dans mon collège dès le début, nous avions le choix entre diverses options qui avouons le se résumaient aux sport et aux langues. J’éliminais direct le sport et entre les autres choix seul le français me tentait mon cousin du même âge que moi faisant lui allemand. Sans doute mon choix a été influencé par ma mère qui aime la France depuis qu’elle y a mis les pieds pour un shooting. Elle adore le cliché des parisiennes bien habillées et la classe à la Française. Quoi qu’il en soit, ça fait six ans que je parle français et faut dire que ça m’a bien aidé. Durant ma dernière année de collège, je me suis mise à développer une passion pour la lecture et c’est tout naturellement que j’ai commencé à regarder des booktubeuses françaises. Mes quatre années d’apprentissage de la langue française m’avaient permises d’avoir suffisamment un bon niveau pour réussir à regarder leurs vidéos.  C’est donc grâce à un commentaire concernant Nos étoiles contraires que j’ai rencontré Lou, une adolescente française de mon âge. De là elle est arrivée à se faire une place dans ma vie bien que ça n’a pas été facile pour elle. Aujourd’hui je peux dire que c’est ma meilleure amie.
Vient ensuite la question de dans quel lycée j'allais aller. Mon père voulait que j'aille bien entendu dans un lycée spécialisé dans la programmation, domaine dans lequel je suis très loin d'être excellente. Faut de la patience pour programmer, chose que je n'ai pas spécialement. Puis en feuilletant les différentes brochures, je suis tombée sur celle de Yamang et ce qui a attiré mon regard c'est la possibilité d'exercer ma passion, le cinéma. Du coup, j'en ai parlé à mon père qui est aussi têtu que moi et voulait absolument que j'aille dans son lycée qu'il avait en tête lui. En fait je ne pense pas qu'il avait un souci avec l'établissement en lui-même mais la spécialité que j'avais choisi. Comment j'ai pu rentrer à Yamang ? Sûrement grâce à mes bons bulletins et les commentaires de mon professeur de théâtre particulier. Je pense aussi que la réputation de mes parents y a joué. Puis finalement après de nombreuses crises et négociations, je suis finalement entrée à Yamang l'année dernière où je suis passée en Junior assez chaudement vu que je ne travaillais pas ou du moins je me contentais du strict minimum pour avoir une bonne moyenne et c'est tout. Mais cette année, je suis motivée à remonter à 15 au lieu de stagner à 13.