Je suis née le 28 août 1998, dans l'un des plus grands hôpitaux de la Corée.
Plutôt logique, me diriez-vous... Sauf que non. Je suis né fils du maire de Busan, et ça, je vous assure que ce n'est pas rien.
J'ai toujours vécu la meilleure vie possible, en étudiant dans les meilleures écoles, et en ayant la satisfaction de toujours avoir ce que je voulais.
Je n'avais pas vraiment une bonne relation avec mes parents. Mon père était toujours en train de travailler, je ne l'avais jamais admiré ou autre, comme un gamin normal pourrait vouloir ressembler à son père.
Quant à ma mère, elle restait toujours en retrait, esclave de mon père. Elle lui donnait toujours raison et n'osai jamais le contredire. Je crois qu'elle cherchait peut-être quelque chose de moi, mais en tout cas, elle ne l'a jamais eu. Pour moi, elle était juste une idiote qui suivait un homme puissant et hypocrite comme un chien.
En bref, je me suis presque éduqué tout seul.
Les professeurs n'osaient jamais me réprimander à cause du travail de mon père, alors j'en profitais au maximum, en faisant les pires conneries qui me venaient à l'esprit.
Puis un jour, à mes 6 ans, mes parents, on voulut me faire prendre des cours de piano, comme tous les enfants parfait. Le gamin turbulent que j'étais, n'étais bien sûr pas d'accord, et avait imposer des conditions a ces parents... Comme aller à Disneyland, tous les mois, en contrepartie de prendre ces cours. Chose, qu'ils ont accepté, à ma plus grande surprise.
C'est alors que j'ai commencé mes cours de piano, avec un professeur particulier qui me faisait cours à domicile, ce dont j'étais d'ailleurs assez fier.
Au début, je trouvais ça plutôt ennuyant... Mais au fur et à mesure que je grandissais, je me vouais de passion à cet instrument.
Il était comme moi. Indescriptible, changeant, et pourtant magnifiquement parfait.
Et j'ai continué à en jouer, jusqu'à finir premier aux plus grands concours régionaux.
J'avais clairement le niveau et l'argent pour entrer dans toutes les écoles d'art que je voulais.

Pourtant, en été 2013... Ma mère est décédée.
Ça n'était pas un bouleversement, mais un énorme choc. Comme si toutes les choses auxquelles, je croyais avaient été broyé devant moi. Car, oui... Je n'avais pas profité d'elle. Elle m'avait toujours regardé et soutenu de loin, espérant sûrement un peu l'attention de la part de son fils unique. Mais je m'en étais aperçu que trop tard, et je le regrettais amèrement.
C'est là que j'ai découvert que j'étais la personne la plus égoïste et lâche. Pour moi, le bonheur, c'était l'argent, mais j'avais tort. Totalement tort. Je n'étais qu'un immense abruti qui croyait qu'on pouvait seulement être heureux en ayant tout ce qu'on voulait.
Mais j'aurais pu avoir le bonheur de pleins de manières plus simple, et l'une d'elles venait de partir en cendres.
J'étais complètement perdu, et j'ai commencé à dérailler. Je ne sortais que très peu de ma chambre, et les seules fois où je mettais les pieds dehors, c'était pour provoquer une bagarre au coin d'une rue de Busan.
Bagarre dont les flics me ramassaient souvent, des bleus partout et le nez pissant le sang. C'était mon père qui venait me chercher au poste, toujours plus honteux a chaque fois.
Il me ramenait à la maison en me tirant violamment par le bras, et me passait un sermon pas possible.
"Blabla... Sae Young, tu ne veux pas cesser de faire honte à notre famille ? J'ai déjà assez de travail, quand est-ce que tu vas grandir et enfin être mature ? Qu'est-ce qu'on a fait pour que tu tournes mal comme ça ?"
Sermon auquel je répondais : "T'as honte de moi, mais moi, j'ai honte d'être ton fils..."

Qu'est-ce qu'on avait fait ? On l'a laissé mourir, enfoiré...

Je m'isolais de plus en plus, et mon seul sanctuaire était mon piano. Quand je pianotais sur les touches, j'avais l'impression de voler, et de ne plus avoir aucun problème. Mais je redescendais bien vite sur terre quand mon père tapait sur la porte comme un bourrin pour me signifier de faire moins de bruit car il travaillait.

C'est resté comme ça pendant quatre longues années, jusqu'au jour où j'ai cette fameuse lettre.
C'était clairement une invitation à rejoindre cette Académie. Hyeosik... Au début, je m'en contre balançait plutôt, à vrai dire, mon piano et ma musique étaient les deux seules choses qui m'intéressaient. Je ne m'étais donc pas vraiment préoccupé de ce courrier, que j'avais vite fait survolé.
Mais je ne sais pas pourquoi, cette invitation a continué à m'obséder. Je me disais que si je rejoignais cette académie, j'aurais surement la possibilité de quitter mon trou à rats, et peut être à obtenir un avenir potable.
Je n'étais pas vraiment sûr de le mériter. Moi, le pire des égoïstes, pour qui le piano était une sorte de drogue...
Il devait surement y avoir des gens plus talentueux dans ce bas monde, alors pourquoi moi, j'étais choisi ? L'argent y était surement pour quelque chose... C'est sûr qu'avoir le gosse du maire de la seconde plus grande puissance de Corée du Sud entre ses murs, c'était plutôt un avantage.
Mais après tout, je voulais vivre de mes propres moyens, et abandonner toute ma vie actuelle était put être le seul moyen, non ?
Et c'est sur ce coup de tête que j'ai clairement exposé mon idée à mon "père". Bien sûr, il a accepté de me payer mes études sans broncher. Ouais, il voulait lui aussi se débarrasser de moi. Tant mieux, moins je lui manquais, moins je l'aurai sur le dos.

C'est deux mois plus tard que mon dossier fut admis à l'académie, et que je pris le train pour Séoul.