Je continue d’espérer au fond de moi que tout ça s’arrête rapidement, mais Jong Hoon est décidé à savoir ce qu’il se trame. Il n’abandonnera pas et moi non plus, alors que se passera-t-il ? Pas besoin d’attendre le prochain épisode pour le savoir, ça se passe maintenant et je ne peux pas vraiment me dérober et même si je le veux, je sais que ce ne sera pas pour le mieux. Et alors qu’il me prouve encore et encore à quel point j’ai tort, je continue de paniquer intérieurement et de crier. Pourquoi je crie ? Je ne sais pas moi-même mais ça me fait du bien et je veux qu’il comprenne même si je ne suis pas très enclin à lui expliquer. Mais il n’en reste pas qu’il continue de vouloir savoir et me rapproche de lui, encore plus. Me posant la question ultime. Je sens mon cerveau geler mais je réponds, mettant toute ma foi dans mes paroles pour qu’elles soient crédibles. Si je ne crois pas moi-même en mes dires, qui les croira ? Alors je soupire.

“Franchement, on va continuer comme ça longtemps ? Je te dis qu’il n’y a pas de problème mais tu insistes quand même. Si tu sais si bien ce que je pense, alors tu saurais qu’il n’y a pas de problème. Et si tu penses vraiment qu’il y en a un, pourquoi ne sais-tu pas de quoi il s’agit ? Et pour répondre à toit question….”

Je m’arrête un instant, reprenant mon souffle et tentant en vain d’apaiser ma voix et mon pouls.

“Oui, je veux être à côté de toi, n’était-ce pas ce que j’ai demandé au tout début ? Et n’est-ce pas ce pourquoi tu as commencé à me questionner ?”

Ma colère rejaillit encore plus puissante et je la maîtrise vainement. Je tire mes mains et me détache de son emprise avant de le pousser à nouveau sur le lit, me mettant à califourchon sur lui et posant violemment mes mains de part et d’autre de sa tête.

“C’est bon ? Tu es satisfait de ma réponse ? Ou non ? Tu as une réponse à laquelle tu t’attends ? Parce que si c’est le cas, je ne suis pas sûr de pouvoir te satisfaire.”

Finalement il répond mais pas à ma question. Est-ce qu'il évite la question parce qu'elle le dérange ou est-ce qu'il a vraiment mal compris ? Je n'arrive plus à réfléchir et ça me frustre. Je n'aurais peut être pas dû insister autant, je n'ai fait que l'énerver encore plus, mais ça m'a l'air important, et même pour moi ça l'est. C'est vrai qu'on a jamais vraiment parlé de nous. Parce qu'il n'y a pas de nous. On est devenus amis, on s'est rapprochés, et on a fini par coucher ensemble. Une fois. Puis deux. Et puis finalement j'ai perdu le compte. Pourtant on en a jamais parlé. Et je ne me suis moi même jamais posé de question là-dessus. Être en couple, les sentiments et tout ça, ça ne m'a jamais intéressé. Déjà parce que j'ai autre chose à faire que de perdre mon temps avec ça, mais aussi parce que quand on tient trop à quelqu'un on finit par être blessé. Si notre propre famille peut nous blesser, alors pourquoi quelqu'un d'autre ne le ferait pas ? Donc non, je ne veux pas aimer quelqu'un, et c'est l'une des raisons pour laquelle je suis bien avec Han Young. En tant qu'homme, on a forcément des pulsions à assouvir et je préfère que ce soit avec lui qu'avec quelqu'un d'autre. Mais pourquoi compliquer ça avec des sentiments ? Je ne suis pas gay. Enfin je n'en sais rien. Peut être que oui, peut être que non. Je ne veux pas ajouter ça à ma liste de questions angoissantes.
Mais il est vrai qu'on aurait peut être dû parler de notre "relation" plus tôt. Si ça se trouve ce n'est vraiment pas ça le problème, mais au moins ce sera fait.

“Ce n'est pas ce que je voulais dire..”

Je suis à peine audible et en une fraction de seconde, je me retrouve sur le lit, Han Young à califourchon sur moi. Toujours très énervé, il me demande si je suis enfin satisfait, si je m'attendais à autre chose. Oui, je pensais à autre chose. Peut être que je me suis fait des idées, mais même si il y a une infime chance que j'ai raison, il faut que j'en parle.

Je ne suis même plus énervé, juste inquiet. Je le fixe intensément, comme si j'allais pouvoir trouver la réponse dans ses yeux. Mais évidemment je ne trouve rien. Alors je rouvre la bouche, calme.


“Si tu veux. Mais j'ai une autre question.”
Je n'ai vraiment pas envie de lui demander. Je risque bien de me prendre son poing dans la figure, vu l'état dans lequel il est. Mais ça me semble nécessaire donc, avec toute la douceur possible, je lui demande.

“Est-ce que notre situation te convient ? On en a jamais parlé mais... est-ce que tu as des sentiments pour moi ? ”

Je pensais enfin contrôler quelque chose de la situation, il n’était pas vraiment vulnérable car s’il forçait un peu, il pouvait me repousser, mais je pensais qu’au moins ainsi il arrêterait. Mais ce ne fut pas réellement le cas. Il était certes plus calme, mais il continuait de chercher. Il voulait savoir et j’étais arrivé à un stade où je n’en pouvais plus. Tout ce que je voulais, c’était terminer cette discussion… Enfin, cette dispute et aller me coucher.J’attendais cependant qu’il réponde, bien que sa réponse ne plaise aucunement. Il avait retrouvé son calme et me reprenait par rapport à ma réponse. Bien sûr, j’avais déjà compris sa question mais je n’y avais pas répondu exprès et avait dévié le sujet. Mais qu’importe le nombre de fois que j’esquiverai cette question, elle me revient toujours à la figure, tel un effet boomerang. Alors, pour la énième fois de la soirée, je ferme mes yeux, respire un bon coup et écoutant la fin de sa réponse, me prépare psychologique à mettre un terme à cette querelle qui n’a que trop durée, du moins, à mon goût.

“Donc c’était ça que tu voulais poser comme question ? Tu aurais dû le dire dès le départ on aurai peut-être gagné du temps.”

Du bluff.

“Tu t’attends à quoi comme réponse ? ‘Oui, j’aimerais qu’on soit ensemble pour le restant de nos jours ?’ On sait très bien toi et moi que tu ne voudrais pas de ce genre de relation.”

Encore.

“”Et si je dis le contraire, tu continueras comme tout à l’heure à me dire qu’il y a un problème ?”

Mais c’en est trop, il faut que ça se termine au plus vite.

“Désolé, mais si c’est un test, je laisse tomber. On n’en a certes jamais parlé mais c’est qu’on n’a jamais estimé bon de le faire, ni n’avons trouvé de raison pour cela.”

Je me relève, déplaçant mon lit afin qu’il ne soit plus collé au sien. Je ne lui dis rien pendant ce temps-là, m’affairant à tout remettre en place comme lorsque je suis entré dans cette chambre pour la première fois. Je ne le regarde pas et ne compte pas le faire.

“Je pense qu’il serait préférable que l’on dorme dans des lits séparés cette nuit.”